Un bon film de super héros.
Au vu des nombreuses critiques négatives qu'on m'avait fait de ce reboot de l'homme en slip rouge le plus connu de la planète, c'est plein de méfiances que je suis entré au cinéma, achetant mon billet du bout des doigts, osant à peine passer la porte de la salle, invitant même des amis, prêt à me moquer bruyamment du film et à emmerder les autres spectateurs s'il le fallait. Non, parce que, vraiment, on m'en avait dit du mal. On me l'avait écorché vif, le super man, et même s'il sait enfin mettre son slip sous le pantalon, il était déjà couvert de ridicule avant même que le film ne commence.
Eh bien, vous savez quoi? SensCritique c'est très bien, mais ça ne vaut pas son propre avis (et en disant cela je viens de discréditer ma critique, super).
Le film commence et je me retrouve dans une espèce de space opéra plutôt bien foutu. C'est beau, ça en jette, les scènes d'actions sont bien foutues, la technologie alien est belle à voir et innovante. Le coup du Codex (c'est bien comme ça que ça s'appelle hein?) est une surprise, et on a du mal à voir le rapport avec notre héros en slip. Les armures des Kryptoniens sont plutôt belles et arborent toutes le fameux écusson de superman, avec un autre signe que le S. Et voila l'une des grandes réussites du film: détourner tous les codes de ce héros cliché, tellement kitsh qu'il en devient insupportable, tellement ridicule qu'un film centré sur robin semble être une meilleure idée, pour en faire un personnage plutôt crédible, pour en faire des touches d'humour et des clins d'œil aux comics, pour en faire quelque chose de plutôt classe, en fait. Le S n'est plus un S mais un caractère Kryptonien, signifiant "espoir"; pourquoi pas, après tout. Les autres personnages issus de la planète ont également un symbole, cela semble logique. Du coup, voir des S partout ne surprend plus. Le nom de "superman" n'est pas celui que se donne le personnage, dieu merci: ce sont les hommes, dépassés par les évènements, qui lui attribuent ce surnom ridicule. Ils auraient aussi bien pu l'appeler Dieu, vu le nombre de références christiques, mais bon, Superman les en rapproche davantage, après tout. Et, miracle, on assiste (presque) pas au coup de la fausse identité avec les lunettes. Merveilleux. Je me demande comment ils vont justifier la fin de l'épisode ceci dit. Il serait hallucinant que Clark Kent ne soit pas reconnu dans un putain de journal mondial!
Ah, et cerise sur la gâteau, les réalisateurs se foutent royalement du côté "Je suis le protecteur de l'Amérique et chaque américain doit aspirer à devenir mon égal" si présent dans la série (doit-on rappeler que le personnage porte les couleurs du drapeau américain?). Une seule phrase suffit: "bon sang, colonel, je viens du Kansas, on ne fait pas plus américain que moi!". J'ai apprécié l'ironie.
Bon, je papote, je papote, mais passé les 20 premières minutes, à quoi ressemble ce nouveau superman?
Et bien, il ne s'appelle pas SUPERman pour rien. Passé un long début assez sympathique où la jeunesse du personnage apparait par flashback dont beaucoup ont déjà parlé et que j'ai trouvé plutôt sympathiques, où notre Clark Kent se montre en fait comme un barbu plus costaud qu'un champion de boxe (non mais sérieusement, cet acteur est une montagne de muscles), l'intrigue se met doucement en place, tout est fait pour nous impatienter, on veut que Clark découvre son passé, et surtout on veut voir comment ça va se faire. Car oui, c'est la peur de voir un film si bien commencé totalement gaché par la parti "wouhou je deviens un super héros!" qui nous fait trépigner d'impatience. Et vous savez quoi? Je suis prêt à parier que c'est voulu. On ne nous aurait pas fait attendre plus d'une heure sinon.
Et puis, voila, Superman découvre ses origines, crise d'identité, vais-je me révéler au monde ou non? Plutôt content d'avoir vu ce problème enfin montrer le bout de son nez dans un film de super-héros. C'est vrai quoi, la plupart gardent le masque, et généralement le pourquoi du masque est évacué. Dans Batman, l'explication donnée dans le 3 m'a déçu ("pour protéger tes proches"...arf, l'explication du 1 c'était "je dois me confectionner un visage qui fera trembler mes ennemis", ça a quand même plus de gueule et ça colle avec le personnage), et c'est bien un des seuls films de super héros que j'ai vu où la question du masque et si présente. On me rappellera Spiderman qui déchire son masque à chaque opus et Iron Man qui choisit de montrer son visage, mais en fait la question est à peine exploitée, et c'est bien dommage.
Ici, c'était déjà un peu plus développer, bien que l'idée est vite évacuée dès que l'action pointe le bout de son nez.
Car oui, Man of Steel est un film de super héros et un super héros ça colle des patates de l'espace dans la tronche de ses ennemis. Et pour les patates de l'espace, Kal-El s'y connait. Les scènes de combat son hallucinantes et totalement explosives. Ils en font trop, on le ressent clairement. Le combat final est l'apogée de la puissance des personnages qui réduisent en cendre une ville (et un satellite) au cours de la bataille. Chaque coup envoie l'autre valdinguer à travers plusieurs parois, on sent vraiment la surpuissance de ces demi-dieux.
Ce film, en fait, en fait trop. Tout le temps.
Trop de rapports à la religion chrétienne, trop d'effets spéciaux dans tous les sens, trop de plans magnifiques (coucou l'ours polaire!), trop superpouvoirs et trop de supervilains ultra badass. Trop de trop.
Et c'est parfait. C'est parfait parce que BON SANG c'est exactement ce qu'on demande à superman! Par définition ce super héros est excessif. Ce type est un dieu! Il massacre aisément n'importe lequel des autres héros de l'univers de DC Comics tant qu'il n'y a pas un bout de kryptonite (ici ce sera plutôt la présence de l'atmosphère de krypton) à proximité. Même un hulk ne ferait pas le poids face à superman. Même Sangoku se ferait étaler en fait.
Superman rassemble à lui seul une énorme partie des superpouvoirs de la plupart des héros : il vole, il est ultra rapide, force excessive, supervision, les yeux qui balancent des lasers, corps résistant à...tout...bref. C'est un dieu. Et ses ennemis sont aussi des dieux. Dès lors, pourquoi s'étonner de combats totalement irréalistes?
Ce film réussit là où beaucoup de films de super héros modernes se plantent: il montre un personnage totalement fictif, de la SF pure, il nous balance un grand spectacle à la Avengers mais en mieux, et il se paye en plus le luxe d'insérer cela dans un contexte plutôt réaliste sans que fiction et réalité ne jurent trop ensemble.
On notera cependant de jolies incohérences, qui m'ont vraiment déçu, vu la qualité du film. Notamment les motivations de Zod: reformer Krypton. Ok, pas de souci...mais pourquoi sur terre? Mec, t'as une machine capable de terraformer une planète et il te faut FORCÉMENT la Terre? ça serait pas mieux pour tout le monde si tu allais sur une autre planète? Ici, je pense que les scénaristes avaient juste la flemme de réfléchir à un truc. Ou alors y a une page de scénar qui est passée à la poubelle, quelqu'un a dû renverser du café dessus, je vois que ça.
Ah, et puis, les personnages féminins ne servent à rien et certains passages ont dû faire frémir les féministes aussi. Moi ça m'a fait rire.
Bref. Je me suis un peu perdu au fil de cette critique, mais retenez ceci: n'allez pas voir ce reboot de superman en espérant un film réaliste, dans la même veine que Batman. Man of Steel est un spectacle, un véritable film de super héros, avec des personnages titanesques qui se paye en plus le luxe d'être très joli. À voir.
Et puis, l'acteur convient parfaitement au rôle de superman. Dur de l'imaginer autrement en ressortant de la salle de cinéma.
