Man of Steel est un film qui me pose beaucoup de problèmes.
Même si je n'ai jamais vraiment détesté un de ses films, Zack Snyder n'est pas non plus un réalisateur que je porte dans mon cœur. L'Armée des Morts et 300 sont plus ou moins sympathique, tout ce qu'il peut y avoir de bien dans Watchmen était déjà dans le roman graphique. Et puis il y a Sucker Punch, un film divertissant mais qui révèle tout ce qui ne va pas dans son cinéma : principalement sa superficialité aussi bien thématique que visuelle.
C'est donc sans en attendre des tonnes mais en espérant au moins passer un bon moment (comme pour Sucker Punch) que j'allais voir son adaptation de Superman. Et pour faire simple, je n'ai même pas passé un bon moment.
Le film se sépare en deux parties assez distinctes, la première nous racontant la vie de Clark Kent, de l'enfance à l’âge adulte, avant que celui-ci devienne Superman, et la deuxième, plus centrée sur l'action, l'invasion de la Terre par une bande de Kryptonien. Dans la première partie, le ton du film essaie clairement de se vouloir plus réaliste et plus sombre mais il ne suffit pas d'une caméra à l'épaule et d'une image désaturée (dégueulasse par ailleurs) pour y arriver. Il faut que les personnages soient authentiques mais ce n’est pas le cas. La faute à une caractérisation trop lisse et stéréotypée, et à des dialogues peu crédibles. Comment s’attacher à un gamin qui se fait tabasser parce qu’il lit du Platon et pleurniche parce que "Le monde est trop grand". Par ailleurs, le diable réside dans les détails et lorsque l’on se veut réaliste, on ne se facilite pas l’écriture en déclenchant les scènes fortes par des incohérences (comme par exemple, sans spoiler, le départ de Krypton de Kal-El, le sauvetage du bus ou encore la scène ridicule de la tornade).
Au-delà de ça, le scénario pèche à cause de son récit déstructuré. Je ne sais pas s’il faut jeter la pierre à Christopher Nolan ou David S. Goyer (qui avaient fait la même chose dans Batman Begins), mais le choix de briser l’ordre chronologique de la narration ne doit pas se faire de manière aléatoire comme c’est malheureusement le cas ici. Jamais un flashback ne donne l’impression de se situer à un certain moment du film pour avoir plus d’impact. L’histoire se contente d’évoluer dans le désordre, sans doute pour que le spectateur s’ennuie moins devant les errances de Clark Kent. Errances tournant toutes autour d’une même thématique affiché sans aucune subtilité "Dois-je utiliser mes pouvoirs pour sauver des gens ou dois-je me cacher et laisser les gens mourir parce qu’ils ne sont pas prêt à m’accepter comme le dit mon papa ?" (Une thématique passionnante, vous en conviendrez).
(Je me moque mais j’exagère à peine).
Une déconstruction du récit donc, qui du coup n’aide pas vraiment le pauvre Snyder, qui est un piètre raconteur d’histoire. La mise en image de la narration est soit superficielle et m’as-tu-vu, soit "REGARDE JE TE METS UN BEAU ZOOM NUMERIQUE POUR QUE TU COMPRENNES CE QUE J’ESSAIE DE TE DIRE AVEC CE PLAN". Des plans certes beaux, mais qui ne parlent pas ou alors beaucoup trop, dans un découpage laborieux qui n’est jamais réfléchi en termes de sens ou de rythme. Ce qui gênera moins dans la deuxième partie du film, puisque celle-ci est plus spectaculaire et du coup moins ennuyeuse (et je suis gentil). Les scènes d’action sont spectaculaires en soi et cela fait plaisir de voir les pouvoirs de Superman bien exploités. Mais comme dans ces précédents films, elles sont belles à regarder mais jamais immersives, car comme toujours Snyder est plus obsédé par l’esthétisme de l’image que par ce que sa composition peut raconter. MAIS je dois reconnaitre que, malgré tout, la confrontation final entre Zod et Superman est plutôt bien foutue (car un peu plus penser que le reste).
Et j’en viens à mon plus gros problème avec ce film. Mais je vais être obligé de spoiler pour m’expliquer donc si vous n’avez encore vu le film, ne lisez pas le paragraphe qui va suivre.
SPOILERS
Man of Steel me dérange car il ne ressemble pas à du Superman.
Superman est peut-être le héros le plus connu même si il n’est pas le plus populaire. Dans l’inconscient collectif, il est le super-héros invincible et infaillible. Il représente l’espoir. Pas dans ce film. Je conçois qu’une adaptation représente la vision de son auteur, et qu’il est libre de raconter ce qu’il veut du personnage. Mais j’ai l’impression que ce film trahit ce qu’est Superman. Je m’explique. Le personnage se fonde à travers ses confrontations avec trois figures : deux paternelles (Jor-El et Pa Kent) et une antagoniste (Zod). Chacune de ses confrontations se résout de la même manière, par le renoncement et la mort. Jor-El renonce et se fait tuer, Pa Kent demande à son fils de renoncer à le sauver et se fait tuer, Superman renonce à ne pas tuer Zod et lui brise la nuque. Le renoncement et la mort, c’est avec ça que les auteurs choisissent d’ancrer Superman dans modernité. Donc être moderne, ça voudrait dire qu’il faut être déprimant, voir cynique ? Superman devrait donner un gros coup de pied au cul au cynisme ! Il devrait empêcher toutes les morts et la destruction de Métropolis (et d’ailleurs, j’ai peut-être mal suivi, mais qu’est-ce qu’il foutait quand tout ça se produit ?). Il doit être l’espoir ! Et l’espoir, c’est un sentiment que je n’ai jamais ressenti devant Man of Steel. Mais bon du dark et de la destruction, c’est aussi les ingrédients du bon petit blockbuster qui se prend en même temps pour The Dark Knight et Transformers…
Enfin bon, c’est un avis personnel et ça se débat…
FIN DE SPOILERS
En conclusion, Man of Steel est un blockbuster fadasse et ennuyeux, souvent moche, jamais euphorisant, qui n’arrive jamais à la hauteur de ses ambitions à la fois en terme d’histoire et de spectacle (sauf pendant 5min), et qui pour surfer sur la vague, s’auto-interdit de célébrer son mythique personnage principal.
