Pas terrible, oui, mais moins catastrophique que prévu

Bon, ben voilà, d’autres ont été à la fête de la musique, moi, j’ai profité de ce que les salles de cinéma allaient être désertées pour aller voir Man of Steel.
C’était un passage obligé. En tant que fan de DC, amie de fan de DC et petite amie de fan de DC, il n’était pas question de manquer un film DC. Mais je m’attendais à ne pas aimer. Je m’attendais à sortir furieuse, en insultant les responsables de cette trahison jusqu’à la énième génération. Pas que je sois spécialement puriste, mais, qu’on l’admette, il n’y a rien de plus contraire à la conception qu’on a actuellement au cinéma de la fiction pour adultes que Superman.
Superman qu’est-ce que c’est ? Un homme surpuissant, qui, parce qu’il est supruissant, peut se payer le luxe d’être idéaliste sans que ça lui retombe sur la gueule, et permet, du coup, à l’univers dans lequel il vit de cultiver l’idéalisme sans que ça lui retombe sur la gueule non plus. Ce n’est pas avec cette recette-là qu’on fera un the Dark Knight ou un Iron man. Et Superman, ce n’est pas un personnage du monde réel. Absolument pas. Rien ne le rendrait crédible, dans un contexte réel, on se demanderait sans cesse ce que son apparente gentillesse cache. Or, la tendance des films de superhéros, en ce moment, c’est plutôt d’essayer de replonger les superhéros dans un contexte à peu près réaliste et voir ce que ça donne.
Bref, je m’attendais à ne pas aimer, je m’attendais à ce que ça soit raté. Du coup, j’ai été beaucoup moins furieuse que prévu.
Le principal crime de ce film est de s’appeler superman, alors que ce n’est pas un film de superhéros, mais un film d’aliens qui débarquent pour envahir la terre. Si on fait abstraction du titre et du personnage habillé en bleu qui se balade vaguement dedans, il faut encore digérer quelques défauts scénaristiques et une morale très douteuse, mais il lui reste encore assez de bons moments et de beaux plans pour qu’on ne regrette pas d’avoir payé la place de cinéma.
Mais bons, commençons par les sujets qui fâchent.
Jor-El est un connard. Oui, un connard. Sa civilisation est décadente, alors le jour où il apprend que sa planète va exploser, sa conclusion est « chouette, un nettoyage par le vide. Je vais faire un enfant, l’envoyer sur une autre planète avec la mémoire génétique de tout mon peuple dans le corps, et laisser le reste de ma planète crever, parce que ma civilisation est trop pourrie pour survivre ». Heureusement un héros se dresse contre lui, le général Zod, qui veut prendre le pouvoir pour organiser l’évacuation de son peuple… Attendez, non, celui-là, c’est censé être le méchant. Bon, bref, malgré les agissements criminels de cet impardonnable sauveur de peuple kryptonien, Jor-El parvient à voler le crâne humain (sérieux) contenant la mémoire génétique de son peuple et à l’implanter à son bébé, puis de lancer son enfant dans l’espace, sur une planète bien choisie, celle où il sera « comme un dieu » à cause de la force que lui procurera son soleil (ou son atmosphère, c’est pas clair) et pourra « inspirer et guider les terriens ». Bref, ses plans d’avenir pour son fils, c’est plus ou moins despote éclairé d’une pauvre planète qui n’a rien demandé (bon, il dit aussi qu’il lui laisse le choix et qu’il l’estime seul apte à juger s’il convient de coloniser la Terre ou pas), et ses plans pour lui, sa femme et le reste de son peuple, c’est la mort parce qu’ils sont des créatures dégénérées, génétiquement programmées pour être ce qu’elles sont… Pardon ? Nous sommes tous génétiquement programmés ? Oui, mais bon, là, c’est un ordinateur qui a choisi quels étaient leurs gènes. Pardon ? Ce ne sont pas uniquement nos gènes qui nous déterminent ? Oh, ta gueule, c’est scientifique.
Bon, bref, Jor-El est un connard, et on est censé être d’accord avec lui. Ca, c’est embêtant. Mais n’empêche que sa connardise est justifiée scénaristiquement (ta mère et moi nous avons été programmés pour être des connards, mon petit, c’est pour ça qu’on ne devait pas survivre avec toi, même si on en avait très envie) et qu’en plus, c’est un connard super classe. Russel Crowe le campe magnifiquement. Comme personnage, il est crédible. Son discours est cohérent, sa logique est implacable. Comme méchant, il serait vraiment un personnage superbe. Malheureusement, c’est le gentil, et on est censé penser qu’il a raison de sacrifier son peuple.
Remarque, difficile en même temps, vu que le peuple en question, informé de la destruction imminente de sa planète, prend le temps de faire le procès du hér... traitre qui a voulu prendre le pouvoir pour organiser l’évacuation, et de l’envoyer avec tous ses hommes dans la zone fantôme pour le sauv... punir, au lieu d’essayer de s’envoler vers les planètes colonisées (ils ont la technologie et des bases désertes abandonnées un peu partout dans l’espace. OUI, ils pourraient)
Bon, Jor-El, c’est une chose, mais Jonathan Kent, c’est encore autre chose. Et lui, il n’a pas l’excuse d’être manipulé génétiquement pour être un connard.
« Mon fils, je sais que ces enfants allaient mourir dans le bus qui coulait dans la rivière, mais du coup, tout le monde t’a vu utiliser tes pouvoirs.
_ Mais je devais faire quoi, papa ? Les laisser tous mourir ?
_ Peut-être.
(réplique authentique)
(En même temps, c’est Kevin Kostner, il est castinguement programmé pour être un connard)
Jonathan Kent apprend si bien à son fils la priorité de maintenir son anonymat même au prix des vies humaines que Clark finit même par le laisser mourir dans une tornade (pour sauver un chien) juste parce qu’il y a des gens qui regardent. Petite précision : à ce stade là de l’histoire, tout smallville a déjà compris qu’il y a un truc bizarre chez le fils Kent…
Vous comprendrez que dans ce contexte là, on ne s’attend plus trop à un discours sur la nécessité d’être bon quand on est très fort, qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, tout ça. Et tant mieux, parce qu’ensuite, nous avons droit à 1h30 de baston entre aliens superpuissants, détruisant des villes entières dans leur bagarre de taverne, et tuant probablement des millions de civils dans le tas (il doit y avoir plus de survivants dans Avenger que dans Man of Steel) sans que notre héros n’ait l’air de s’en tracasser plus que ça. A ce stade, du coup, on se demande pourquoi, lorsqu’il doit se résoudre à tuer le général Zod pour sauver des civils (en sortant du cinéma, nous avons trouvé plusieurs façons dont il aurait pu sauver les civils sans tuer le général), ça le fait hurler de douleur.
Bon, bref, comme je l’ai dit plus haut, une morale douteuse et quelques problèmes scénaristiques. Mais quand même des points positifs.
D’abord, Lois Lane. Même si c’est une méga entorse à l’histoire d’origine, je hurle de joie. LOIS DEVINE IMMEDIATEMENT L’IDENTITE DE SUPERMAN. Et elle le protège. Et elle le sauve. Et elle sauve le monde. Autant ou plus que Superman. Autre point fort, elle est jouée par une actrice pas spécialement permanentée, pas spécialement siliconnée, et d’une beauté qu’on pourrait croiser tous les jours dans la rue. Une femme ordinaire. Exactement ce que devrait être Lois Lane.
Bon, leur premier baiser arrive alors qu’ils n’ont pas dû échanger plus de six phrases complètes en tout, mais vu le dialogue de la scène, on comprend pourquoi.
Le rythme n’est pas mauvais. Le fait de démarrer avec un Clark Kent déjà adulte et d’entrecouper le tout de flash back sur Jonathan Kent est une bonne idée (dommage que Jonathan Kent, on ait juste envie de le terminer à coup de pelle)
Les acteurs sont bons.
Ensuite une série d’hommage à tout ce qui s’est fait comme film d’alien et de science fiction dans ces dix dernières années. Et peut-être au-delà. Independance Day, Thor, Inception…
Bon, bref, c’est pas un bon film, ça, c’est indéniable, c’est pas du Superman, c’est indéniable aussi. C’est surtout pas un film de superhéros, mais c’est quand même un film que je suis contente d’avoir vu.
tchoucky
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le 22 juin 2013

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