Man of Steel par Olivier Paturaud
Zack Snyder reboot avec maestria le Superman déjà filmé à l'écran par Richard Donner (2 fois avec beaucoup de talent, les 2 premiers Superman de 1978 et 1980 sont cultissimes) et Bryan Singer (le très beau et mal aimé Superman Returns en 2006).
Les codes du film de super héros tels que Sam Raimi et Bryan Singer les ont développés au début des années 2000 (avec Spiderman et X-Men) sont désormais des règles inscrites dans le marbre, un peu rabâchées jusqu'à plus soif, mais cela fait aussi partie du plaisir de ce genre de spectacle: notre héros découvre ses pouvoirs puis doit accepter sa condition avant de réussir son intégration.
La thématique de l'exil est par contre propre au personnage inventé par Jerry Siegel et Joe Shuster, deux cartoonistes d'origine juive qui font de leur personnage crée en 1938 une sorte de Moïse (qui doit cacher ses origines) et un nouveau Golem (qui lutte contre les forces du mal). Comme leur Superman exilé sur terre, ils sont aussi entre deux cultures (les juifs ne sont pas spécialement bien accueillis pendant la dépression; les quotas à l'émigration sont renforcés depuis 1924) et vont faire de leur super héros un champion de la défense des valeurs américaines (donc de l'intégration) contre le fascisme.
Une fois mise en place les problématiques de notre super héros en collants rouges, Snyder adopte un autre rythme, abandonne un peu l'incarnation de son personnage pour entamer un film d'action assez colossal qui voit Superman lutter contre la tentative de terraformation du général Zod (séquences hallucinantes de destruction de Metropolis qui rejouent le 11 septembre avec une morbidité incroyable). La dernière heure renvoie les effets spéciaux des années 2000 au rang d'honnêtes trucages (je n'ose même pas songer au Terminator 2 de Cameron qui inventa le procédé en 1991)....Les 20 dernières minutes sont exceptionnelles.
Reste que le film peine tout le temps de la projection à vraiment faire chair de son personnage et de son récit d'initiation, faute à la production Nolan (et les dialogues de son scénariste toujours sur signifiants) et à une 3D grotesque et inutile qui gâche les fulgurances de la mise en scène de Snyder (l'effet mille feuille et l'échelle des plans de la 3D vers la profondeur rend peu lisible la mise en scène qui joue sur un montage assez rapide et pourtant fluide et détruit totalement le travail de la photographie -il suffit de voir la bande annonce pour comparer-)
Henry Cavill est un honnête Superman (sans sa mèche mais finalement avec les lunettes à grosses montures de Clark Kent) et Michael Shannon incarne un méchant vraiment terrifiant.
Porté par plusieurs moments de bravoure (la destruction de Krypton, l'invasion de la Terre qui rappelle la Guerre des Mondes et le Kansas filmé comme chez.. Terrence Malick !), le film de Zack Snyder est donc vivement recommandé, mais peut être pas en 3D