Autant le dire tout de go, je n’apprécie guère le cinéma de Snyder, de même que je n’apprécie guère celui de Nolan. Le premier filmant avec son sexe de geek reproduisant et éjaculant ses fantasmes de « comics whore » insipidement, décalquant les cases de ses BDs préférées sans originalité. Le second, lui, s’est perdu facilement dans ses « Delirium Batman Pamphlets » assommants, chiatiques.

En plus de ça, si l’on ajoute Hans Zimmer à la partie, je suis encore plus refroidie à l’idée de regarder le film.
Ce compositeur a eu des soucis d’argent, c’est une certitude. Il est tombé dans un coup fourré, une dette impayée ou une forte rançon pour son chien ! Bref il a paumé son orchestre, il ne lui restait qu’un vieux Synthé Yamaha PSS-290 au fond de son garage, deux rouleaux à pâtisserie et sa poubelle pour faire de la musique. Mais passons.

Pour le héros, Superman, à vrai dire je n’ai pas de problème. L’époque Super Reeves est pour moi un assez bon souvenir. Tout en sachant que je suis vierge des comics du dite Superman (et des comics tout court d’ailleurs).
Je pars donc avec un léger a priori certes. Les diverses bandes annonces m’en touchant une sans faire bouger l’autre, surtout en voyant Superman pêcher et faire du stop. Je trouvais ça plutôt risible et je m’attendais au pire. Tu ressens déjà l’effet Nolan sans avoir vu le film.

Je ressors donc plus que mitigé. Alors le film est clairement coupé en deux. Voir en trois blocs (En trois briques. Pyramide) Introduction. Fourre-tout ? … Première partie. Questionnement ?... Seconde partie. Surenchère ?

Bref, la première partie Nolan-esque au relent de Batman Begins et la seconde Snyder-esque avec tout ce que ça comporte de réalisations dégueulis. Le réal aux allures de Ken Levine (Bioshock) a troqué ses ralentis intempestifs pour des zooms et du « lens flare » à gogo. Il faut croire qu’à la pré-prod, le duo Nolan-Snyder a été pioché dans tous les blockbusters de ces 15 dernières années et y a ajouté « tout ce qui s’y faisait de mieux » (là faut ressentir mon ironie) dans l’univers de l’homme d’acier.

Ça commence par Jor-el (le savant, scientifique) et Zod (le guerrier) qui font du Kung-fu. C’est comme-ci Oppenheimer joutait avec Bruce Lee dans une empoignade façon Jeet kun do. Donc, Jor-el serait à la fois un savant de renom et un guerrier émérite. Les Kryptoniens ayant l’allure d’élites un poil tourné vers l’eugénisme, ça peut encore passer remarque, même si c’est un peu tiré par les cheveux.

Il y a aussi Jor-el qui fait son Jake Sully (Avatar) à dos de bestiole traversant le point A vers le point B où tout explose autour de lui.

Ou encore Jor-el qui plonge pour récupérer le codex où l’on voit les nourrissons Kryptoniens conçus artificiellement dans des bulles à la façon de Matrix.

L’intro ne m’a pas vraiment enchanté, on sent les grosses références, les grosses ficelles, on sent l’esbroufe technique, on sent déjà le truc lourdingue qui veut t’assommer d’effets spectaculaires.

La partie la moins raté reste l’introspection de Kal-el (Superman) avec l’apparition de Kevin Costner comme père de substitution, bien amené…

… Jusqu’à ce que celui-ci trouve la mort en voulant sauver son chien, coincé dans la voiture, alors qu’une énorme tornade (celle de Twister, je crois) fonce vers la famille Kent. Clark est là, il peut le sauver, le type peut bouger jusqu’à la vitesse de la lumière, il pourrait sauver son père sans que celui-ci ne le remarque… Mais non. Kevin Costner fait un geste de la main (parle à ma main), la tornade toute proche genre à trois pas, énorme tornade, tout s’envole autour de lui ! Et il est là avec son « parle à ma main », scotché au sol, le regard humide et Clark à deux doigts de craquer, lui aussi le regard humide. Et puis y’a des bagnoles qui volent à trois mètres. Comment il fait pour rester scotcher au sol ?! Certainement une des morts les plus moisies que j’ai pu voir. A croire que Nolan les collectionne (cf. Cotillard). Il faut surtout croire qu’il faille rajouter du drama, pour que Superman comprenne ce que ça fait d’être un être humain, la perte de son père de substitution.

Ça se fait souvent, ça peut être une bonne chose, mais là c’est amené d’une manière tellement ridicule que c’en est risible. Aucune logique. Le mec risque sa vie pour sauver un clébard. Hé ho, y’a quelqu’un au bout du fil ?

Le film se perd dans sa deuxième partie, le boulot de Nolan étant fait sur la psychologie des personnages, c’est au tour de Snyder de prendre les manettes, le scénar part en quenouille, il est question de terraformation, le gros méchant Zod veut faire du mal aux terriens, enfin surtout aux américains, alors il envoie son vaisseau terraformé New-Yor… euh Metropolis.

Et là tout s’effondre, les gens paniquent, plein de poussière, ils sont filmés caméra à l’épaule regardant le ciel et le vaisseau près des hautes tours, manquait juste un avion de l’american airlines et on y était encore une fois. Laurence Fishburne qui ne sert à rien, si ce n’est à nous remettre en mémoire le black qu’on a vu en boucle à TF1, courant dans les décombres des tours jumelles. Zod Laden a frappé.

Et là ça tabasse, ça envoie du bourre-pif, ça valdingue à l’autre bout de la ville, ça s’envole et ça se bagarre, tout ça filmé comme un porc par Snyder. J’avais l’impression de voir Dragon Ball Z en CGI, mais en moins bien.

Simple exemple pour les connaisseurs et amateurs, quand Gohan lance un pain dans le bide de Cell et que celui-ci recrache C-18, tu sens la puissance du personnage, tu sens la force qui se dégage de lui. Il devient de suite un personnage iconique, sûr de lui, par sa confiance, sa posture, qui se surpasse, qui transcende son statut de gamin, pour devenir un combattant hors-pair. Man of steel n’arrive pas à faire ressentir ce qu’un anime des années 80 me procurait. C’est quand même dingue. Alors que Superman, ce n’est pas n’importe qui ? Ce n’est pas Mr Satan.

Ça pourrait être très bien, le souci est que Snyder est un gros bourrin, à la Michael Bay (pareil ça a été décidé durant la pré-prod.) et son Transformers. Tout explose, tout s’écroule. Y’a trop de tout. C’est bourratif, ça me donne envie de vomir. Jamais il n’arrive à mettre Superman dans son statut d’être supérieur, jamais il n’arrive à te le faire ressentir, malgré les deux trois plans symboliques foireux, dans l’église notamment (Kal-el cadré visage avec à l’arrière-plan, ce qui semble être un vitrail avec Jésus-Christ dessus). Superman ne dépasse jamais son statut de « super-héros » (américain)

Ceci est un film pro-américain pour les américains (les américains écervelés aussi) où l’on où raconte une énième attaque d’un terroriste étranger sur le sol ricain, sauver par leur super-héros les Marines. Non, mais presque, y’en a une pelleté dans le film.
- Comment peut-on savoir qu’un jour, vous ne trahirez pas l’Amérique ?
- J’ai grandi au Kansas, Général, je suis Américain autant qu’on peut l’être » Superman.

Si je devais être méchant je dirai que Man of Steel est une campagne publicitaire de l’Armée des États-Unis, il est juste décevant de voir Superman (personnage iconique mondial et non plus seulement américain) servir ce genre de chose.

Je n'ai jamais ressenti le personnage de Superman vraiment se transcender, vraiment s'impliquer, vraiment changer et devenir le "sauveur" des êtres humains. On m'aurait dit que c'était une machine créer par l'armée américaine que ça aurait été pareil.
demarreur
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le 25 juin 2013

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