Les deux papas de Superman c'est Robin des Bois!
... et non ce titre n'est pas le nouveau slogan de la gay pride [/pas drôle]
Man of Steel fâche. Pourquoi?
-Parce qu'on a un énorme placement de produit bien violent et bien captant;
-parce que Snyder en fait des tonnes comme toujours: Superman=Messie? Ok, ajoutons des croix partout, un curé, disons que Clark a 33 ans,...
-parce qu'un sauvage a laissé Nolan s'occuper du montage, du coup le film ressemble au monstre de Frankenstein avec des trucs collés dans tous les sens, dans la bonne habitude de ce cher homme qui pense qu'un film n'est bon que si on a l'impression qu'il fait le double de sa durée réelle;
-parce que c'est Superman, et franchement Superman c'est super bateau, et on a pas envie de détrôner la trilogie avec Christopher Reeve même si objectivement elle commence sérieusement à ne plus tenir la comparaison;
-parce que le film expédie de nombreuses choses qui mériteraient de ne pas l'être, et qu'il aurait dû être à lui seul une trilogie reprenant Krypton, puis Smallville, puis l'arrivée sur Terre de Zod;
-parce que le scénario brasse des tonnes de thèmes éculés de science-fiction en faisant semblant que ce sont de super nouvelles bonnes idées;
-j'en oublie certainement.
Mais bordel, j'ai aimé ce film. J'ai aimé ce film parce qu'Henry Cavill remplit son rôle comme il faut. J'ai aimé ce film pour Russel Crowe et Kevin Costner même s'ils en faisaient un peu trop (Russel, sors ce balai de ton cul, et Kevin, arrête de faire semblant de bricoler, on y croit pas). J'ai aimé ce film pour sa superbe esthétique, sa géniale photographie, et j'ai même réussi à faire abstraction du caméraman qui a la maladie de Parkinson. J'ai aimé ce film pour les flashbacks bien sentis qui font monter presque systématiquement la larme à l'oeil. J'ai aimé ce film parce que c'est du Snyder, qui surligne et grossit le trait cent fois, trois cents fois, et allez, on est plus très loin des mille, sautons le pas! J'ai aimé ce registre épique qui rend Superman presque crédible, j'ai surkiffé ce Zod complètement psychopathe, dont le visage semble doté d'une vie propre, j'ai hurlé sur les scènes de baston qui vont dans la surenchère aberrante jusqu'au moment où on comprend même plus ce qu'il se passe à l'écran, mais tant pis on a les rétines qui se décollent ça vaut le coup (j'ai encore gravée dans ma tête la scène de baston à Smallville, où Superman et les acolytes de Zod s'affrontent, bombardés et mitraillés par des centaines de militaires; je me souviens encore de cette locomotive en feu lancée en l'air qui entre soudainement dans le champ, sans qu'on sache trop d'où elle vient, ce qui ajoute à l'impression de what the fuck total).
En fait, Man of Steel, c'est un film totalement subjectif: il accumule tant de qualités et de défauts que n'importe qui peut trouver des dizaines d'arguments pour l'encenser ou le couler, à tel point que la vraie question au final est: avez-vous passé un agréable moment ou non?
Personnellement, je dis oui. Du vrai cinoche de divertissement, ni plus ni moins.
Superman est un héros pas du tout crédible, creux et finalement bien peu intéressant comparé à beaucoup d'autres, à commencer par le chevalier noir, adulé des foules. Pour rendre un film sur ce kryptonien regardable, il fallait la démesure d'un Snyder, pour transformer le surhomme messianique en demi-dieu homérique. Ou l'inverse. Ou les deux. Et rajoutez-moi des explosions tant que vous y êtes, on va faire ressembler Michael Bay à un amateur.
Man of Steel est pas cool, il est overcool jusqu'à la gerbe. Et c'est ça qui est terrible.