• Revu en juillet 2014 (+1 point) :
Une piètre 3D et une VF simpliste peuvent altérer un film car ce Man Of Steel capture de belle manière l'essence d'un Superman moderne ; on a rarement vu un film "origines" aussi puissant. Avec une bonne première heure de développement au gré de flashbacks, et un démarrage sur Krypton fantastique, le long-métrage nous entraine ensuite dans des affrontements de dévastation totale, intensifiés par la grandeur des compos de Zimmer. Le relais est alors passé aux effets spéciaux et, hormis certaines séquences maladroites ou excessives, les combats sont monstrueux et dignes de Superman. Même sans ses ralentis, on reconnaît le style très opératique de Snyder et l'apport du tournage en pellicule, avec quelques scènes à la photo très froide et dramatique. Il y a bien sûr des facilités agaçantes, dont une Loïs peu utile, mais l'ensemble est très bien rythmé, Shannon (Zod) et Traue (Faora) sont phénoménaux, et Cavill EST Superman. Zack Snyder montre de nouveau son aisance à porter ces surhommes à l'écran dans un style percutant, et pose finalement des fondations solides pour la Justice League.

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• Critique du 26 juin 2013 :
À défaut d'être coincé entre Avengers, Spider-Man, Batman et consorts, l'an dernier, son report de six mois fait donc de Man Of Steel l'évènement majeur de 2013, un "game-changer" en devenir des adaptations de super-héros sur grand écran, malgré la réussite totale de la bande de Marvel. Superman, le "père" des super-héros, un symbole à part entière de la culture américaine, et une icône mondiale, qui a brillé au cinéma à la fin des années 70 puis s'est complètement effondré pendant dix-neufs ans, jusqu'à revenir pendant l'ère moderne via un Superman Returns médiocre qui l'a replongé au silence pour quelques années de plus. Revoir un projet autour de l'Homme en bleu prendre forme, ne serait-ce même qu'un simple reboot, est alors une aubaine, surtout lorsqu'il est chaperonné par l'équipe créative derrière la trilogie du Dark Knight. Au final, Zack Snyder est établi comme réalisateur, son style visuel ayant déjà fait des merveilles avec les adaptations de 300 et Watchmen. Avouons-le, Warner Bros a mis les petits plats dans les grands pour réunir tous les talents derrière ce film porte-étendard. Après le raté Green Lantern, et face au succès mastodonte de Marvel, l'échec n'est clairement plus de mise.

Mais voilà, comment représenter vraiment Superman à notre époque. Le personnage est un mythe à part entière, et les scénaristes ont opté pour rendre ce gigantisme à l'écran. Soyons francs, Man Of Steel s'installe à une échelle de démesure assez impressionnante. Dans le domaine, il l'est dix fois plus qu'Avengers, Battleship, Matrix Revolutions et Transformers 2/3 réunis, et je m'estime généreux. Oui, c'est du très grand spectacle qui n'arrête pas une seconde. Un point qui pourrait tout aussi bien être négatif. Autant c'est assez jouissif de voir cette attaque ennemie d'ampleur titanesque, d'avoir Superman qui détruit des montagnes à la force de ses poings et d'assister à des affrontements inhumains (non mais le gars il lance une locomotive depuis l'autre bout de la ville !?!), autant il y a ce sentiment de surdose qui pointe parfois son nez, surtout à l'approche du finale. Par ailleurs, étant donné que les Kryptoniens sont plus ou moins de la même puissance, ils devraient plutôt absorber les coups que d'être projetés comme de vulgaires pantins et détruire des immeubles entiers. Il y a donc un esprit d'exagération également, et Snyder se lâche complètement là-dessus, pour le simple fait de vouloir rendre justice à l'Homme d'Acier.

Pour accomplir tout cela, évidemment, la quantité d'effets spéciaux est démentielle. Du blockbuster de compétition. À vrai dire, même s'ils sont majoritairement excellents, il n'y a rien de bien novateur dans ce travail digital, et on note plusieurs passages où ils ne semblent même pas aboutis ; un comble quand les compagnies sont Weta Digital et Double Negative. On sent donc une certaine limitation, et il y en a tellement de bombardés qu'on a parfois l'impression d'être face à un jeu vidéo. Cette surenchère d'action, d'explosions, et de destruction (sérieusement, Michael Bay a un titre à reconquérir) finit aussi par rendre l'ensemble un peu lambda plus on progresse, surtout pour les scènes à grande échelle. Alors qu'elles devraient, au contraire, ébahir. Pour garder la comparaison avec Bay, son esthétique visuelle clipesque mais réaliste permet à ses séquences détonantes d'être très crédibles - vraies à 99% du temps sur le plateau d'ailleurs - tandis que l'approche artistique de Snyder avec un maelström de couleurs bleues, vertes, orangées, annihile souvent cette optique crédible, au profit d'un aspect plus vidéoludique, intensifié par la 3D.

Étonnant aussi, pour un film signé Snyder, il n'y a aucune utilisation du fameux slow-motion (ralenti) si propre au réalisateur, et qui aurait pu faire quelques merveilles. Cette éviction a sans doute était faite pour vraiment retranscrire une action brute, directe, et ainsi intensifier la puissance de Superman et des Kryptoniens en ayant l'impact de leur force en "temps réel". Autre point intéressant : les bandes-annonces laissaient entrevoir une réalisation plus stylisée, qui virait façon Nolan, voire Malick sur quelques plans, et ainsi bien éloignée de la patte de Zack Snyder. Il n'en est finalement rien du tout ; seuls les flashbacks et quelques instants de dramaturgie se parent de cette perspective plus cinématographique, contemplative. Les 95% restants sont dans la continuité d'un Sucker Punch avec ces images très colorées, ces explosions et ces scènes à vive allures qui font également écho à ce style jeu-vidéo déjà apparent sur son dernier film. Il n'y a pas à dire, le rythme est extrêmement rapide et les plans s'enchaînent parfois sans qu'on ait le temps de les assimiler, privilégiant beaucoup d'action. La caméra bouge d'ailleurs tout le temps, et ce n'est pas toujours pour le mieux. Par exemple, les scènes de vol apparaissent assez cheap (franchement décevant) dû à un certain manque d'envergure et on peux noter de nombreux cadrages foirés dans les moments plus vifs. Énième changement - à se demander si Snyder a vraiment eu son mot à dire sur ce film - c'est Larry Fong, directeur photo depuis 300, qui laisse sa place à Amir Mokri, à qui l'ont doit notamment l'image léchée de Transformers 3. Alors, bien entendu, tout ce qui concerne la ville et sa destruction, ainsi que d'autres scènes plus esthétiques, jouissent d'une très belle composition, mais il y a des plans bien baveux tout de même. Peut-être est-ce dû au fait d'avoir autant d'effets spéciaux sur un film tourné en pellicule - ce qui permet de très bien rendre les scènes plus terre à terre en leur conférant une dimension à la fois brute et poétique.

En somme, c'est purement et simplement du très gros spectacle, et comme tout blockbuster de son genre qui se respecte, la bande-son doit suivre le rythme. Pour cela, aucun problème, Hans Zimmer rempile après la trilogie du Dark Knight pour assurer une sorte de liaison musicale dans l’univers cinématographique de DC Comics/Warner Bros. En toute franchise, il parvient ici à se démarquer de ses derniers travaux qui tendaient à un peu tous se ressembler. Ses thèmes sont assez forts (ne vous attendez pas à entendre le thème classique de Superman), mais il en a finalement deux - trois peut-être - qu'il se contente de faire tourner en boucle (les mêmes que ceux des dernières bandes-annonces), si bien que la musique du film semble très répétitive et assez lassante en accompagnement d'image. Cela étant, il a vraiment réussi à créer un nouveau thème (tout en percussions conquérantes et orchestrations de cuivres grandioses) qui reste clairement en tête, comme celui des Batman de Nolan. Et c'est déjà un exploit en soit car je ne me souviens aucunement pouvoir chantonner ceux d'Iron Man, Thor, Captain America, ou encore du dernier Spider-Man... Côté compositions d'ambiance, le travail s'avère un peu plus pauvre et basique juste histoire de combler le silence. Notons tout de même quelques bonnes idées sur certaines séquences kryptoniennes avec des jeux de saturations. Hans Zimmer délivre clairement du thème de blockbuster, en réussissant à rendre la grandeur de certains passages. Mais c'est un peu fait avec de gros sabots.

Et ce manque de subtilités est flagrant sur l'ensemble du film. Tout le ton dramatique et la narration présents sur les bandes-annonces sont, pour le coup, plutôt mal restitués sur une première heure où Snyder ne semble pas trop savoir comment introduire le superhéros. Ainsi, on découvre ses pouvoirs par le biais de flashbacks succincts, et toutes les phrases fortes sont lancés sans naturel aucun au milieu des dialogues. Pourtant, l'introduction sur Krypton est très réussie et participe à construire toute la mythologie autour du personnage de bonne manière. Décors, costumes, armement, vaisseaux ; on aime ce nouveau monde qui attise immédiatement la curiosité. Par la suite, sur Terre, la construction des personnages est assez faiblarde, surtout l'amourette balourde entre Loïs et Clark qui progresse gauchement. Et puis, l'importance directe qu'a Loïs Lane dans la vie de CLark alors qu'elle vient à peine de le rencontrer est assez étrange. Son personnage est d'ailleurs mal écrit et ajoute niaiserie et émotions fausses qui font tâches. Heureusement, on peut compter sur deux-trois scènes de climax émotionnel puissantes et brillamment mises en scènes.

Depuis le Joker de Nolan, notamment, on a le droit, dans les grosses franchises, à des méchants très travaillés et il est connu qu'un bon méchant fait un bon film. On retient, en l'espace d'un an, surtout Loki de Thor/Avengers, Silva dans Skyfall mais aussi l'antagoniste de Star Trek; Into Darkness qui, sans non plus égaler la psychose de Ledger, ont tous trois vraiment personnifié un vrai méchant, torturé, comme on les apprécie. Et Man Of Steel suit cette belle lignée avec Michael Shannon, juste impressionnant et monstrueux à l'écran qui délivre une rage palpable et une conviction inébranlable en ses buts, en incarnant l'implacable Général Zod. Une présence des plus charismatiques à l'écran. Tout comme son bras droit, la redoutable et impitoyable Faora, jouée par l'actrice allemande Antje Traue, femme fatale au regard empli de machiavélisme, qu'on retrouvera avec plaisir par la suite. De l'autre côté de la balance, on a donc Loïs Lane, personnifiée par Amy Adams, journaliste fouineuse dont le rôle est un peu trop mis en avant dans le film, surtout dans des situations parfois grotesques. Et puis, Clark Kent, ou Superman, qui est joué par Henry Cavill. Son côté purement humain est ici assez différent des comics pusiqu'il ne travaille pas encore au Daily Planet et a davantage l'air d'un beau gosse qui marche à la testostérone. Quoiqu'il en soit, Cavill délivre une performance très juste, et encore plus quand il prend les guêtres du superhéros. Le costume avait fait coulé beaucoup d'encre quand il avait été dévoilé, mais soyons francs, on ne peut pas lui mettre un slip rouge à l'écran sans paraître infiniment kitsch. Au final, à part ce détail, le design est respecté et s'intègre très bien dans cette vision plus moderne. Et puis la stature toute en muscles de Cavill aide beaucoup à rendre ce Superman crédible.

Que ce soient les rôles principaux ou secondaires, Man Of Steel rassemble un casting all-star assez impressionnant. Du coup, en dehors de ce quatuor, on trouve également Russel Crowe en tant que Jor-El plutôt bad-ass et très charismatique, entre sagesse et puissance. La plus inconnue Ayelet Zurer joue sa femme Lara Lor-Van, quelques petites minutes. Les parents terrestres de Clark, Jonathan et Martah Kent sont, quant à eux, interprétés par un Kevin Costner très protecteur et touchant envers son fils adoptif, et une Diane Lane compatissante mais assez effacée. Viennent ensuite Christopher Meloni, en tant que Colonel Hardy plutôt cool et sympathique, et Laurence Fishburne qui campe Perry White, le rédac chef du Daily Planet, très correct dans son rôle.

[Critique 3D]
La 3D de ce Man Of Steel est certainement la 3D la plus frustrante qu'il m’ait été donné de voir. Car, avec presque un an de travail sur cette post-conversion, le résultat est de très bonne facture et rappelle un peu celle de Star Trek: Into Darkness. On évite ici les nombreux écueils de rémanence (surtout sur les plans fixes), tout en donnant du volume aux personnages et en jouant sur la profondeur. Néanmoins, il y a cet effet bizarre qu'il y a une vitre devant l'écran (non, ce ne sont pas les lunettes), comme s'ils avaient converti aussi celle de la caméra. En effet, et c'est frappant sur toute la première heure, sinon plus, la 3D agit bien en profondeur et, d'un coup, de nombreux lens flares et effets lumineux apparaissent mais à plat et devant l'image. Cela créé une barrière qui empêche l'immersion ; c'est très dérangeant. Du coup, il n'y a absolument aucun effet de projection (sortie d'écran), même pour de simples particules, alors que plusieurs séquences avaient matière à jouer sur cette dimension additionnelle, dans une veine qui aurait certainement rappelé Clu 2.0 à la fin de Tron: Legacy.

Au final, l'intérêt de cette 3D est extrêmement discutable. Ses seuls points d'orgues sont lors de l'introduction sur Krypton, parvenant vraiment à nous plonger dans cet autre monde, et lorsque Clark explore la Forteresse de la Solitude prise dans la glace. Sinon, dans la ville, elle est présente mais n'apporte rien, et il y a tellement de scènes dynamiques et très rapides qu'on ne peut clairement pas profiter de son apport, hormis sur quelques plans plus posés et esthétiques de Superman. Qui plus est, cette 3D a tendance à mettre avant l'utilisation des fonds verts et matte paintings numériques en intensifiant le découpage des personnages sur un ensemble basique de trois plans. Souvent l'arrière-plan devient alors bien plus flouté que nécessaire. Sans compter quelques rendus parfois faux ou trop plats, et cet aspect de modèles de jeux vidéos.
[Fin critique 3D]

Enfin, même si Zack Snyder prend pas mal de libertés par rapport aux comics, ce n'est pas foncièrement dérangeant et ce reboot se révèle plutôt réussi, sans perdre les trois quarts de sa durée à retracer les origines pour garder le meilleur dans les suites (The Amazing Spider-Man). Contrairement au désastre qu'était Green Lantern, toute la mythologie et la panoplie de super-pouvoirs passent ici sans mal, mais à quel prix ? J'ai rarement vu autant d'action (décérébrée) dans un film, et à aussi grande échelle. Évidemment, le bât blesse car il y a un cruel manque de subtilité, de développement et, visuellement, le long-métrage est moins marquant qu'un 300 ou un Watchmen. Avoir voulu conserver cet ancrage réaliste tout en rendant la démesure, c'est opposer deux univers et ce n'est pas forcément évident - en témoignent certains passages très discutables. On se dit alors que ce n'est que le premier volet d'une franchise et le lancement de tout un univers ; quelques écarts sont donc tolérés et on ne peut qu'espérer une réalisation plus pointue par la suite, ainsi qu'une échelle plus retenue ou, le cas contraire, mieux gérée. Sans être non plus une déception, Man Of Steel est tout de même en deçà des attentes créées, ne devenant qu'un simple blockbuster qui n'apporte pas grand chose au genre, ni au cinéma, si ce n'est marquer le coup par rapport aux précédentes itérations et la possibilité assurée qu'enfin l'adaptation de la Ligue Des Justiciers soit mise en chantier. Et vu l'échelle déjà énorme de ce Superman, c'est à se demander la tournure que va prendre celle de ce rassemblement super-héroïque.
AntoineRA
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le 26 juin 2013

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