Quand on va voir un film "Superman", on sait à quoi s’attendre. Personnellement, j’avais ingéré l’idée d’extraterrestres qui ressemblaient à des humains, j’avais accepté la combinaison moulante et les super-pouvoirs rétrokitschs... J’étais prêt – du moins pensais-je – à me laisser surprendre par le lifting et la lecture nouvelle d’un Zack Snyder épaulé dans l’ombre par un brillant Christopher Nolan... Et qu’ai-je vu ? Une bataille de vaisseaux spatiaux digne de Star Wars III, filmée qui plus est avec la colorimétrie à la mode du moment, et le tout avec des dragons volants et des mecs habillés comme l’Architecte de "Prometheus" ? ...Euh... C’est ça le lifting qu’on nous propose de "Superman" ? En fait, quand on va voir "Man of Steel", il faut vite comprendre qu’il ne sera pas question de requestionner l’identité de l’icône Superman en fonction des préoccupations du moment (comme cela a été fait pour Batman récemment) mais qu’on va plutôt se contenter d’intégrer Superman aux mécaniques actuelles des blockbusters. Ainsi se retrouve-t-on donc avec un film d’action dopé aux SFX qui a pour but de suivre à la lettre le même schéma que les dernières grosses cylindrées sorties dernièrement : "Avengers" (notamment "Thor" pour l'intrigue), "Prometheus", "Transformers", etc... Alors après tout, pourquoi pas ?... Sûrement que la plupart des spectateurs lambda sauront se satisfaire de ces blockbusters certes standardisés, mais qui ne mentent jamais sur ce qu’ils offrent. Personnellement je n’y vois aucun problème, et si vous vous reconnaissez dans cette définition, il est inutile de lire le reste de cette critique. Tenez-vous en à ce conseil : allez voir "Man of Steel". Seulement voilà, si vous ne faites pas partie de ces spectateurs qui attendent juste d’avoir leur dose d’explosions, de bruits et de lumières qui clignotent ; si vous faites partie de ceux qui attendent qu’il y ait un petit quelque chose en plus pour mettre en branle votre usine à rêves ; si vous faites partie de ces gens qui, comme moi, qui ne vont pas au restaurant pour qu’on leur serve un Big Mac, alors je vous le dis tout net, "Man of Steel" n’est pas fait pour vous. Ce film réussit le miracle de rendre l’univers de Superman encore plus ridicule, caricatural et vide que ne l’ont fait les premiers opus de Richard Donner. Snyder a tellement peur d’ennuyer les mangeurs de pop-corn qu’il ne prend le temps de s’attarder sur rien. Même quand il veut prendre le temps de réfléchir quelque secondes à ce qu’est le vécu du jeune Clark, il le fait à grand renfort de plans sans cesse virevoltants, cutés par un monteur hyperactif, le tout dans un vacarme assourdissant. Ce film aurait pu être intitulé : « Superman : la version tournée sans trépied ». Personnellement je trouve ça juste hallucinant de se sentir à ce point obligé de faire preuve d’autant de bougisme. Le pire, c’est que, pendant ce temps là, on oublie de réfléchir à une histoire. On se retrouve au final avec un méchant au nom ridicule – Zod ! – dont les dialogues pourraient tous être retrouvés dans un bon vieux sentaï. Ce méchant va combattre un Superman dont on a finalement pas eu le temps de savoir grand-chose. Ah si ! On sait que Superman est en fait un Jésus descendu sur Terre (après tout, il a le même âge) et qu'il a dû se cacher toute sa vie car les humains n'étaient pas encore prêts à subir le règne d'un seul sur tous (Saloperie de démocratie ! C'est ça le message ?). Et tout ça pour quoi ? Pour assister simplement à une grosse baston qui dure des plombes, le tout au milieu de milliers d’explosions et de supersaïens en tenues de ninjas qui claquent de temps en temps des propos juste remarquablement incohérents : « Ta morale te rend inférieur à nous. Nous, nous sommes forts car nous suivons l'évolution. Et à la fin, c'est toujours l'évolution qui l'emporte. » (Bacheliers qui sortez à peine de l'épreuve de philo : vous avez 4h). Cette baston finale dure plus de trois quarts d’heures totalement insipides dignes de "Transformers 3" et elle réussit le même triple exploit que celui d'avoir à la fois fait fondre mes tympans, mon attention et ma patience. Alors, au final, ira voir "Man of Steel" qui voudra, mais moi, au moins, j’aurais prévenu de ce qui vous attend... A vos risques et périls...

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le 5 oct. 2017

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