Nous y voilà, le nouveau film de James Wan. Assez attendu car le monsieur est encore une de ces personnes capables de faire de l’excellent divertissement popcorn horrifique aux côtés de, notamment, Mike Flannagan et… bah que lui en fait. Ajoutons à cela, un talent de metteur en scène, faisant de lui l’un des meilleurs utilisateurs de jumpscare, ainsi que quelqu’un capable d’élaborer une mythologie à partir de peu voir zéro. Il a quand même créé 3 sagas importantes dans l’horreur : saw, Insidious et Conjuring. Il nous revient là, non pas, comme on aurait pu le croire, pour étoffer un de ces univers, mais pour en créer un tout nouveau à partir d’une idée à lui. Alors que vaut ce nouvel objet cinématographique ?



Le renouveau de l'exploitation ?



Et bien, force est de constater que Malignant est une bonne surprise. D’autant plus qu’aucune projo presse ne lui a été consacré, ce qui signifie soit, que les producteurs veulent le cacher pour éviter une critique acerbe, soit, pour éviter les spoilers, ce qui a été le cas de gros films comme les Marvel/Star Wars ou plus récemment Antebellum. Je pencherai sur la deuxième option personnellement. Déjà, il faut dire que nous sommes dans un film de James Wan. La mise en scène, les idées, le monstre, les jumpscare, etc. Tout ça, y est dans ce film (et je dirai même plus encore). Mais, où le rapprocher ? De Conjuring, Blockbuster d’horreur fait pour ramener des gens en salle ? Insidious, laboratoire d’expérimentation parfois cahoteux aux allures de train fantôme ? Ou Dead Silence, un entre deux bardé d’idées mais qui transpire tout de même d’un manque dans le scénario ? Et bien, de ce dernier, et tant mieux car c’est aussi le plus sincère. J’irais même plus loin, Malignant est un film de petit malin. On dit souvent que James Wan connait le spectateur, et c’est ce qui permet à ses jumpscare de réussir. J’irais plus loin, ses scénarios rejoignent la même voie. Tout est donné dans ce film, ce que l’on croit être des incohérences, des précipices, des petites phrases, etc. Tout sert à la fin. Il est tellement confiant en son principe que le générique est un enchainement d’indices pour la suite. Même moi, qui ai cru avoir tout compris, et bien, il n’en fut que partis remise pour un excellent twist qui m’a amené à ce cheminement.



Un nouveau venu du monstre



Mais est-ce qu’il y a mieux ? Oui, et comme dit plus haut, je vais parler de mythologie. Je crois qu’on en a tous marre du cathos porn, du film d’exorcisme, bah je crois que Wan aussi. Le monstre présenté dans ce film est le mal incarné. Mais pas le DIAAAAAAAAAABLE ou une connerie du genre, non non non. Un vrai mal (qui pour l’anecdote, existe, bien que pas aussi poussé) plus humain. Bien que le film plonge dès les premières secondes dans du fantastique de série B, il croit en sa mythologie et l’amène au présent. Bien loin de moi de vous donner des indices, puisque je souhaite ne rien cacher dans cette critique, mais disons que c’est à la fois inattendu, et, encore une fois, totalement amené, disons, que ce serait une façon de caractérisé le tueur de slasher à la Mickael Myers/Jason Voories si tu le mélange avec le monstre à la Del Toro (il est fascinant, iconique, mais monstrueux) avec une satire de série B. C’est en tout cas la façon dont je le vois. Et peut être même un de ses défauts. Sa partie critique, un coup des violences conjugales, si ce n’est du masculinisme puis pour parler de la médecine (oui je vais pas spoiler donc je reste vague),… Puisque finalement, ça parle de quoi Malignant outre sa rédemption de personnage ? Bah de pas grand-chose et ça enfonce surtout des portes ouvertes. Mais, je pense que, de tout façon Il n’a jamais été question de satire ou autre, mais de faire un simple film d’horreur avec un côté actuel. Bof quand même. Malgré tout, c’est vraiment pour pinailler, car j’ai été pris par le film et j’ai, de toute façon, passé un très bon moment dessus. Je n’ai même pas parlé des prestations assez sympathiques d’Annabelle Wallis et Maddie Hasson, qui transpirent un réel sentiment de fraternité. Puis, de la DA, superbe, toute de rouge et bleu. La photo, finalement assez basique, sait se faire belle dans certaines séquences aussi courtes que réussies. Aidée par son excellente mise en scène, qui est, et c’est à préciser, renouvelée sans cesse.



Ce malin de James Wan



Pour résumer, le film à ses défauts de film de petit malin, soit que le scénario aurait mérité un coup de polish sur certains points, tous les propos ne sont pas assez étoffés pour avoir un réel intérêt, le tout est un peu capillotracté et… bah c’est tout. Enfin pour le moment, à chaud. Mais le rythme est très bien géré comme le montage, la mystification de son antagoniste est franchement classe. Il y a de superbes idées pour passer outre le film de tueur/maison hantée et qui marquent après visionnage (comme le symbole de l’œuvre qui est pas mal trouvé dans la diégèse du film). Les acteurs se donnent, la mise en scène de James Wan est poussée à son paroxysme, le scénario reste bien construit et intéressant à suivre malgré les réserves que je peux avoir. Bref un bon film d’exploitation. Jusqu’à ce qu’interviennent l’écriture. A différencier du scénario, je disais tout à l’heure que James Wan joue au petit malin, et bien cela ne vaut pas que pour son twist. Je préfère cependant le mettre en « spoilers » puisque cela peut potentiellement vous gâcher le film :


C’est dit dans la bande annonce : chaque détail, chaque personnage, trouve son utilité, de la stagiaire de police à la petite phrase paumée dans un dialogue. Rien n’est laissé au hasard, et ça rend le visionnage d’autant plus ludique et amusant.


Sans compter que le, bonhomme jouit d’une violence assez gore (bien que les effets soit parfois un peu moche mais bon passons) qui redynamise encore un peu le film.


Bref, Malignant aurait put n’être qu’un film d’horreur pop corn, mais Wan a réussi sa mission de faire aussi, avant tout, un bon film. Et avec la volonté et l’imagination dont il fait preuve, il en a fait un excellent, dans le même genre « d’exploitation », le dernier exemple en date serait Oxygène, qui avait aussi un amour sincère pour l’horreur, tout ça dans un super divertissement. Finalement, je pense que c’est même, objectivement son meilleur film, par ce qu’il n’y a pas ce côté Blockbuster et franchise qui m’énerve dans Conjuring, malgré la qualité de ces derniers. Là, il s’amuse, fait preuve d'une réelle franchise (en particulier dans ses choix), et parfait ça avec un vrai professionnalisme qu’il y avait beaucoup moins dans Dead Silence ou Saw.
Donc non, ce n’est pas le dernier Ari Aster ou Jordan Peele avec leur maitrise implacable de l’elevated horror, mais, un film d’exploitation. Et alors ? Pour l’instant, c’est un des meilleur de son genre cette année.


Edit: On a beaucoup dit que Malignant était un nanar, ce qui, je dois bien vous avouer me fait un peu chier. Parce que ce genre de résonnement, je trouve que ça décrédibilise le film ainsi que tout ce qui a été mis en place, et malgré que ça soit parfois, effectivement, à la limite du Z, je n'en ai jamais ris pour autant. Et puis, bah, j'ai été sincèrement apeuré pendant une bonne partie du métrage, et bien que ses jumpscares ne soient pas non plus les meilleurs de sa carrière ou même de l'année, bah ça reste quand même dans la moyenne haute de ce qui se fait actuellement; le meilleur contre exemple étant, ironiquement, Conjuring 3. Donc malgré que je respecte évidement les goûts de chacun, j'avoue être un peu triste, car on passe, du coup, à travers toute la mythologie amorcée par James Wan pour une sinistre blague. Au moins, ça aura eu le mérite de faire passer l'œuvre de divertissement pop corn à film clivant, bien que je me demande si ça a été son intention initiale...

Vacherin Prod

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