Mais ou sommes nous ? Ce sentiment étrange de ne pas connaitre ce monde qui nous entoure, cette folie, ces coïncidences qui mènent à l'interrogation, ce plongeur qui vole dans le ciel.


Pour son troisième long métrage et auréolé du succès de "Boogie Night" Paul Thomas Anderson réussi donc cet exploit qu'est "Magnolia", un film compliqué à produire qui fera un flop en salle, un Tom Cruise imposé, un script de plusieurs centaines de pages. Le tout pour construire un film choral de trois heures sur neuf personnages radicalement différents avec au centre de l'intrigue le décès d'un homme âgé.


Un film étrange, rythmé, une ode au hasard, à la coïncidence pour une trame sans début, sans milieu, sans fin. Tout sauf classique. "Magnolia" prend et emmène, nous rapproche de petits êtres insignifiants, d'un gourou du masculanisme à un jeune génie qui a par dessus tout le désir d'aller aux toilettes, d'un policier simple qui va trouver l'amour avec une toxico, à une femme qui n'arrive pas à se satisfaire de la mort de son mari. PTA survole ces personnages, les transperce, nous fait admirer ce qu'il y a à l'intérieur, tous ayant le même temps à l'écran. Sans faire dans la facilité, son film est malheureux, travaillé et sublime, entre plan séquence sur un Tom Cruise illuminé ou une pluie de grenouille qui veut tout dire. Basculant entre l'optimisme et le pessimisme, d'une richesse incroyable, d'une mélancolie prenante.


Ici la distance entre nous et les personnages est inexistante, "Magnolia" filme la vie et impose son régime qui tourne plein fort. PTA arrivant à faire passer trois heures pour un éclaire du fait de son rythme qui pratiquement jamais ne faiblit. PTA adapte sa mise en scène à chacun des protagonistes, annonce les connections entre eux sans en négliger un seul. Rien que pour ces raisons "Magnolia" vaut le statut de chef d'oeuvre à proprement parler. Au delà de sa complexité, il met en scène la complexité du genre humain, suffit de penser au personnage de Tom Cruise qui se construit un masque pour ne pas avoir à faire face à son passé obscure. Des gens qui ont mal grandi, mal vécu, vivant dans les souffrances de leur passé.


Les pétales tapissent l'existence, les mots croisés s'y faufilent, le cancer de l'homme serait il l'amour ?

Kiwi-
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le 7 mars 2015

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