La vie est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
Macbeth



Il s'agit de l'une des tirades que je connais de Macbeth et c'est la seule chose que je connaissais de ce film et ...de la pièce. Oui je vous avertis tout de suite JE N'AI JAMAIS LU UN SEUL SHAKESPEARE DE MA VIE. Donc voilà, ça c'est dit. Bref pour être pertinent, j'ai du glaner à droite et à gauche afin d'écrire ma critique et de voir les ÉNORMES différences entre les 2 médias. Oui c'est un bon film mais les fanboy du bouquin gueuleront. Et pas qu'un peu.



Une réalisation très sombre avec des bonnes idées et quelques erreurs



Justin Kurzel est un réalisateur australien qui m'était totalement inconnu auparavant. Du coup, je ne connais pas son style. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la réalisation est brute et sans concession, avec une bonne prédominance de couleur sombre. Le jeu de couleur est très important dans ce film. En effet Macbeth est pour la plupart du temps dans la noirceur où en vêtement sombres, et quand il devient roi. Il utilise beaucoup les effets de ralentis dans les batailles. Parfois même trop. En effet, si les ralentis permettent de souligner la psychée tourmentée de Macbeth, ou de donner plus d'amplitudes à certaines scènes, il en abuse au tout début et cela fait vraiment bizarre. Comme dirait le fossoyeur, tout n'est que question de dosage et dans ce film le problème se pose là. Macbeth semble toujours porter le deuil de sa raison, et quand il devient roi, il n'est toujours pas satisfait et la couleur blanche est presque une couleur factice. Ce qui se retrouve sur Lady Macbeth (on y reviendra). La photographie est excellente tout le long et le réalisateur ose aussi vers la fin utiliser des filtres rouges sang


Qui souligne la mort de Macbeth


On sent une ambiance forte limite macabre mais loin d'être onirique. On sent que le réalisateur a fait un film qu'il n'appartient qu'à lui, mais dont certains choix peuvent faire débat.


Comme le fait que la caméra remue trop au début et qu'il abuse de ralenti


Surtout au sujet des personnages.



2 contre la folie



Macbeth joué par Michael Fassbender est un noble tourmenté par son dessein de devenir roi. Mais loin d'être un soldat fort, il est depuis le début tourmenté et hanté par des oracles qui ont prédit sa royauté. Il est très ambivalent et semble toujours insatisfait. C'est un personnage profond et qui souffre vraiment.


Lady Macbeth jouée par Marion Cotillard est un personnage qui va faire débat. Dans le film elle est plus la personne qui motive Macbeth à commettre l'irréparable, et ne semble pas succomber dans la folie. Elle y est littéralement plongée ! Cependant, elle ne laisse rien paraître et aux yeux du peuple elle demeure saine d'esprit. Mais quand elle est seule ou avec son mari, ce n'est plus du tout le cas. Le film n'est pas clair mais elle ne semble pas aussi somnambule que dans le roman (oui Lady Macbeth est somnambule).


Pourtant, il y a bien une scène très longue où elle se promène en robe de chambre et dévoile toute sa folie.


Ces deux personnages ont en commun une chose que les autres n'ont pas, leurs tirades. Ils s'expriment dans de très long monologues leur états d'âmes parfois devant leur auditoire sans qu'ils ne réagissent. Et c'est là toute la particularité du film. L'aspect théâtral des 2 personnages, à l'inverse des autres qui sont communs. Ils semblent évoluer dans un monde qui leur appartient et ignorer le reste du monde. Ce qui est assez particulier à un certain niveau et très déroutant.


Les autres personnages font assez pâles figures en comparaison.


Nous avons Banquo (Paddy Considine) qui était l'allié de Macbeth jusqu'à sa mort. Macduff (Sean Harris) qui deviendra l'adversaire final de Macbeth et sa femme Lady Macduff (Elizabeth Debicki) ainsi que Malcolm (Jack Reynor) à la toute fin. Et c'est là tout le problème. Malgré le faite que tous ses personnages soient intéressants, les secondaires sont littéralement écrasés par nos 2 principaux. Seuls les 3 oracles (Seylan Baxter, Lynn Kennedy et Kayla Fallon) ainsi que Macduff et le roi Duncan (David Thewlis)sont réellement mémorables. Le reste bien que marquant sont secondaires. Cela dit, ce choix bien que problématique va avec le caractère tourmenté limite détaché du couple Macbeth.



Une histoire précipitée et "trop" théâtrale



L'histoire est simple car elle raconte l'ascension et la déchéance de Macbeth sur le trône d'Ecosse. D'abord loué comme étant un "Thane of Cawdor" (c'est un titre de noblesse), il va en commettant l'irréparable


C'est à dire tuer le roi Duncan


accédé au trône et lutter contre les anglais. Cependant, toute l'histoire s'articule sur sa déchéance alors que Lady Macbeth elle s'y accommode. D'où le faite de ne pas en faire une somnambule. Les acteurs ne sont pas dans le sur-jeu de la folie mais dans un jeu plus sombre limite inquiétant. Tout est fait dans le film pour nous donner mal à l'aise et nous montrer qu'ils sont le plus inquiétants possibles. Ce que je reprocherai est que le film ne s'affranchit pas des limites théâtrales du récit; ce qui fait qu'on à l'impression que la narration est très rapide alors que paradoxalement le déroulement est lent. On ne voit pas le temps passé alors que les tirades alourdissent terriblement le film. Cela dit on ne peut pas vraiment en vouloir car c'est le but : ce sont des fous qui règnent et ce qu'ils font ou disent n'ont rien de rationnels. Mais ce qui permettent de tout comprendre, ce sont les choix de mises en scènes. En effet, sans comprendre ce qu'ils disent, le décor, la lumière, le rythme de la réalisation fait que le film raconte bien l'histoire en plus des tirades


Cela est très visible à la fin. En un plan après la mort de Macbeth par Macduff, Malcolm prend possession du trône en même temps que le fils de Banquo prend possession de l'épée. Signe qu'un jour un affrontement entre les 2 personnages risquent d'avoir lieu


Bref, le réalisateur a voulu faire un chef d'oeuvre de Macbeth, mais à trop vouloir en faire, n'a pas réussis à rendre le film accessible et c'est un peu trop pris par ses ambitions. Du coup, le film sera à l'image de certains films comme Cloud Atlas ou the Tree of Life : déroutant



Adaptation réussie ?



Difficile à dire. Ce film est le 6e long métrage après le Macbeth d'Orson Wells, le chateau de l'Araignée de Kurosawa, le Macbeth de Roman Polanski, Maqbul (la version indienne) et le Macbeth de 2006 avec Sam Worthington dans le rôle titre (si si !). Je n'ai vu aucun de ces métrages donc je ne peux pas faire de comparaison. Ce que je peux dire, il s'agit d'un des films les plus déroutants de cette année et le plus inaccessible. Les choix de narration et de réalisation sont bien trouvés mais à force de conserver le coté théâtral, le film s'avère difficile à suivre et terriblement lourd. Bref, c'est un film qui malgré son succès critique, ne plaira pas à tout le monde et je peux pas du tout leur donner tort. Moi je l'ai trouvé intrigant et déroutant et il m'a donné envie de connaître l'oeuvre elle-même. Quand au réalisateur, il planche sur un nouveau projet de film du Moyen - Âge avec Michael Fassbender dans le rôle titre : un certain Assassin's Creed


Version fun de la critique ici

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le 23 nov. 2015

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Neo Cosmic

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