...Et si quelqu'un était capable d'utiliser son cerveau à 0% ?

C'est face à des films comme ceux-là que je regrette que Luc Besson ne soit QUE Luc Besson.
Je dis cela parce que j'ai vu ce "Lucy" et qu'à un moment dans le film, vers la fin, j'ai entraperçu le trip vers lequel ce film cherchait à nous conduire et, franchement, entre les mains d'un autre auteur, ça aurait clairement pu me plaire.
Mais bon, malheureusement le final de "Lucy" reste bien un film de Luc Besson.
Et surtout le vrai problème c'est qu'avant le final de "Lucy" il y a aussi tout le reste de "Lucy".


Déjà, premier gros problème qu'on rencontre dès qu'on aborde ce film : l'écriture.
Le cheminement de l'intrigue est un pur enchaînement de scènes pensées dans le plus pur des esprits beaufs : tueries absurdes ; violence gratuite ; méchanceté bas-du-casque... Tout y est.
Le pire c'est que, pour le coup, Luc Besson assume totalement sa posture mainstream qui veut ratisser large au travers de sa réalisation. Il faut que ça bouge partout ; il faut que les couleurs chatoient ; il faut caser un peu partout des sons infrabasses en veux-tu-en-voilà...
Pour ma part, je peux même vous dire que, me concernant, ça a atteint un tel niveau qu'encore maintenant, je me dis que cela relève du miracle d'être resté plus d'une demi-heure.
Entre ce dialogue d'intro d'un niveau juste trop minable à base de non "allez vas-y - Non je veux pas" ; les scènes où Lucy tue à tour de bras sans grande raison ; et les absurdités logiques et scientifiques qui sont débitées ; je vous le dis : il faut le vouloir pour maintenir suspendue de manière consentie notre incrédulité.


Mais bon, Besson a su apporter cette curiosité de personnage qui dépasse sans cesse ses limites. Et pour le coup c'est vrai que ça imprime un bon rythme pour un film qui en plus à l'intelligence de se faire cours.
Et comme Besson n'est pas toujours manchot, il lui arrive parfois de sortir quelques scènes assez nerveuses qui sont parfois à deux de doigts de décoller.
Seulement voilà - Besson restant Besson - il sombre très vite dans la surenchère et la stupidité abyssale de l'écriture finit par tout faire s'écrouler dans l'instant.
Et c'est vraiment dommage parce qu'au-delà de ça, la montée en puissance du film a ceci de nerveux qu'on aurait presque envie de lui excuser beaucoup de choses afin qu'on se laisse emporter.
Enfin "presque" justement...


Encore une fois : quelle tristesse que ce film n'ait pas été traité par un Ian Kounen, un Matthew Vaughn ou un Kim Jee-Woon.
Avec des auteurs comme ça aux manettes, ils seraient parvenus à rendre ce film sobre et léché en terme de réalisation et plus épuré en termes d'écriture.
Ah oui ! Entre toutes ces mains là, "Lucy" aurait pu être un bon film, à n'en pas douter.
Mais bon, comme je le disais plus tôt, et c'est là toute la tristesse de la chose, "Lucy" n'est qu'un film écrit et réalisé par Luc Besson.
Et encore ! S'il s'était agi du Besson des années 1990, des meubles auraient pu être sauvés.
Mais ce film confirme malheureusement ce que je pense depuis un petit moment : du Besson des années 2010, il n'y a malheureusement plus grand-chose à attendre...

Créée

le 29 sept. 2017

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