Un drame tpas aussi puissant et émouvant qu'il aurait du l'être.

Sur tous les films de la sélection cannoise 2016, « Loving » est le dernier film à nous parvenir sur les écrans. Peut-être pour éloigner la sortie du précédent film de Jeff Nichols sorti il y à peine un an, « Midnight Special ». Le cinéaste délaisse la science-fiction pour narrer l’histoire vraie d’un couple mixte en proie au racisme durant les années soixante aux Etats-Unis. La véracité des faits donne un peu plus d’impact à un long-métrage qui manque cruellement d’aspérités, Nichols survolant un peu trop les thématiques inhérentes à un tel sujet, comme effrayé par la puissance dramatique du postulat qu’il a entre les mains.


« Loving » a du mal à démarrer réellement et lorsqu’on croit que c’est enfin le cas, dès lors que les personnages entrent dans la phase de procès, on retombe vite dans une certaine torpeur. En effet, cette histoire se traine en longueur et n’intéresse que sporadiquement, on a l’impression désagréable de ne jamais être captivés et de visionner tout cela d’un œil distrait. La nouvelle œuvre de Nichols manque souvent de l’envergure émotionnelle et dramatique nécessaire pour prétendre figurer sur le grand écran plutôt qu’à la télévision. On nous dirait que c’est un téléfilm de luxe qu’on ne serait pas étonné.


Ruth Negga livre une incarnation toute en douceur et de bonne facture de cette femme de couleur bafouée par les lois raciales de l’époque mais Joel Edgerton ne semble pas vraiment à l’aise dans le rôle de son époux et sa teinture de cheveux ne lui va pas du tout, ôtant beaucoup de crédibilité à sa prestation. Si on sent que Nichols a voulu éviter tout effet lacrymal forcé et de sombrer dans un sentimentalisme de mauvais aloi, c’est l’effet inverse qui se produit, annihilant toute émotion sur un sujet qui en demandait pourtant un minimum.


En revanche, on salue le fait de ne pas rentrer dans les clichés sur le racisme et que tout manichéisme soit évité, le personnage du juge Basile en est l’exemple parfait, profondément contre l’union des protagonistes et contre les lois progressistes mais cependant humain et clément. Le metteur en scène n’a également pas son pareil pour saisir l’ambiance des Etats du Sud des Etats-Unis comme il l’avait déjà prouvé dans ses longs-métrages précédents. C’est un cinéaste naturaliste et très classique mais il ferait bien de muscler un peu ses films au niveau des émotions et du rythme, car souvent c’est l’encéphalogramme plat. Sa chronique du racisme ordinaire y aurait beaucoup gagné à tous niveaux.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 17 févr. 2017

Critique lue 602 fois

5 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 602 fois

5

D'autres avis sur Loving

Loving
Velvetman
7

Loving v. Virginia

Dans une période où les films sur la ségrégation et la discrimination entre noirs et blancs pleuvent dans le cinéma hollywoodien actuel, Jeff Nichols tente à son tour de s’aventurer dans le combat...

le 2 févr. 2017

58 j'aime

4

Loving
Docteur_Jivago
8

Hit the road Rich

Après avoir brillamment fait ses premiers pas dans la science-fiction avec Midnight Special, le jeune et talentueux Jeff Nichols adapte ici une histoire vraie relatant un couple inter-racial dans une...

le 19 févr. 2017

31 j'aime

8

Loving
EricDebarnot
7

Scènes de la vie conjugale

"Loving" est ce que les journalistes snobs et pas très anglophones appellent un film "déceptif", c'est-à-dire trompeur, et pas décevant... même si les fans hardcore de l'aimable Jeff Nichols...

le 18 févr. 2017

20 j'aime

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

88 j'aime

11

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11