Lovers Rock
7.1
Lovers Rock

Film de Steve McQueen (2020)

Parmi cette anthologie du cinéaste britannique, « Lovers Rock » est peut-être le film le plus doux que l’on peut voir dans ces cinq films. On avait quitté Mangrove qui était un véritable film de procès, nous montrant cette injustice que subissait chaque jour cette communauté. Ce procès était la quête d’un groupe de personnes contre un système et contre la liberté, une liberté extrêmement bien montrée dans ce second film de la collection « Small Axe ».


Pour faire ce film, Steve Mcqueen s’inspire des histoires de sa tante sur des soirées clandestine qu’on appelle une Blues party. Ces fêtes permettaient à la communauté antillaise de faire la fête, sans se faire refuser comme dans les autres soirées. Le film du cinéaste britannique, montre une population contente d’être réunie. On ressent cette liberté chez une population qui a tant souffert. La caméra de Steve McQueen est proche des personnages à la manière d’un Kechiche, mais d’une manière plus naturelle avec des plans longs, avec de la contre-plongée. On a tellement envie de faire cette fête avec eux, on a envie d’être aussi libre qu’eux et de vivre ce moment si fort.


« Mangrove » était d’une maîtrise sur le côté film de procès, dans ce film, c’est une toute autre maîtrise. « Lovers Rock », c’est un film qui ne dure que 1 h 10, mais dans 80 % du film se concentre uniquement sur cette fête et il ne se passe rien d’autre que cette fête. On pourrait dire qu’il ne se passe pas grand chose, mais dans les scènes de la fête, il se passe tellement de choses. L’utilisation de la musique est intelligente, une fois qu’elle est enclenchée, elle ne s’arrête jamais. Très vite, on oublie qu’on regarde un long-métrage, on se déconnecte de tout. Comme les personnages, on profite de ce moment merveilleux. Ce film est un moment sensoriel, si bien illustré par le côté très contemplatif afin de nous dire que ces femmes et ces hommes ont besoin de cette fête afin de montrer qu’ils sont libres, qu’ils peuvent vivre. Le passage ou quand la musique s’arrête et que la foule chante pendant une dizaine de minutes, nous envoûte complètement et l’on ressent cette liberté. Il arrive un moment où l’on oublie que c’est un film et on va pleinement être immergé dans cette grande soirée.


Si le film ne dure qu’une heure et qu’on a l’impression d’avoir vécu une très longue soirée, c’est grâce à la musique du film et sa bande-son propre au Reggae. Le Reggae est un genre musical issu du Ska et du Rocksteady ayant émergé à la fin des années 60 en Jamaïque. D’ailleurs, le nom du film “Lovers Rock” est aussi un groupe de musique populaire dans les années 70 mélangeant le Reggae Jamaïcain et le RnB. C’est une bande son toute une puissance qui est utilisée comme un moyen d’expression pour cette population. C’est une preuve que tout passe par la musique et par cette culture qui traverse les frontières. En faisant « Lovers Rock », Steve Mcqueen nous montre cette communauté qui même en faisant des soirées clandestines se rebellent face à cette injustice et profite pleinement de ce moment de liberté loin de toute violence.


Critique à retrouver sur Eyrio à la rencontre du cinéma

Eyrio___
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le 21 mars 2021

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