Brouillon

Actuellement il y a une certaine récurrence depuis environ 5 ans du sous-genre «faisons croire à mes proches que je suis casé(e) jusqu'à Noël pour qu'on arrête de me faire des reproches», Love Hard fait partie de cette sous-catégorie parmi les téléfilms de Noël. Pourtant c'est une idée très casse-gueule car j'ai toujours eu l'impression que la personne qui entre dans la combine tombe surtout amoureuse de la famille et des proches qu'elle aura vu une semaine pendant les fêtes (un dîner avec la belle-famille en plein mois de mars sans décoration et sans la grand-mère rigolote c'est moins romantique) et non de la ou du prétendant(e).
Du coup il faut vraiment que ce soit bien écrit pour éviter cet écueil, ce n'est pas forcément insurmontable si on privilégie les interactions entre le faux couple. Le souci c'est qu'en plus Netflix a voulu ajouter la sous-catégorie «j'hésite entre le beau gosse un peu concon qui m'a tapé dans l’œil à la seconde et mon meilleur pote d'enfance (ou le type que je viens de rencontrer qui a une grande beauté intérieure qui se dévoilera pleinement le 24 décembre à 23h00)» et tout cela en 1h44 donc forcément c'est bâclé.

Dès les premières minutes on mentionne l'allergie au kiwi de la protagoniste, pas une mais deux fois au détour de deux conversations ce qui démontre un gros problème de subtilité dans l'écriture car évidemment que peut-il se passer en ayant connaissance de cette information qui paraissait totalement accessoire à l'époque ? Et oui vous l'avez deviné, elle consomme du kiwi à l'insu de son plein gré. Dans un film subtil, on aurait évité de nous expliquer deux fois avant et une fois après l'incident qu'elle était allergique à ce produit, une seule fois est suffisant de préférence après pour éviter les dialogues vides de sens.
Ce manque de subtilité persiste tout le long, notamment lors des moments inclusifs made in Netflix, ce qui prête à rire d'ailleurs, en quelques secondes on passe d'un moment inclusif pro-consentement féminin en

mais suivi 10 secondes plus tard d'un acte bafouant totalement le consentement de la protagoniste devant la foule

, mais il est vrai qu'il n'a jamais prétendu être «safe».
La protagoniste a un vrai problème de cohérence d'écriture,

Résolution finale qui est d'ailleurs insupportable, on nage totalement dans l'incohérence la plus totale et la protagoniste persiste dans son mensonge en dépit du bon sens, elle pense encore pouvoir tout gérer jusqu'à la dernière seconde ce qui n'a aucun sens, le nœud gordien scénaristique devient véritablement insupportable, je n'ai eu qu'une seule envie que cela s'arrête au plus vite.

Autres soucis de taille, le rapport père-fils, le père est présenté comme un type macho qui aime le sport, un peu traditionaliste tout cela uniquement à travers les mots de son fils lorsqu'il s'adresse à la protagoniste mais les actes du père ne démontrent en rien ce fait. Le film étant trop court pour tout ce qu'il voulait raconter on ne s'attarde pas trop sur lui ; alors certes il semble adorer son deuxième fils mais rien de véritablement concret permet d'affirmer qu'il le préfère car il serait plus viril. La fin donne l'étrange sensation que le fils s'est monté la tête pour rien et qu'il a grossi le trait, il ne reçoit que des éloges et des approbations de son père sans la moindre seconde d'hésitation, on nous explique même que cela aurait été le cas plusieurs années auparavant simplement en parlant à son père. Mais soit, je vois l'idée de la confiance en soi qui s'éveille et qui lui permet de s'exprimer à son père mais c'est vraiment présenté d'une façon très bancale. Et le paradoxe c'est que le frère qui l'oppresse bien plus est plus facilement oublié, il manque une scène de rapprochement de ce calibre entre eux.
Dernier personnage d'importance, le deuxième prétendant que Netflix a transformé en infréquentable car non végan et lisant un auteur « problématique », donc forcément quelqu'un de mauvais, ce qui d'ailleurs contribue à dire que le comportement de la protagoniste est illogique. Elle a été présentée comme une femme éliminant chaque homme dès le moindre problème, le fait qu'elle essaye d'être en couple à tout prix avec lui ne repose donc sur rien.

Ce qui différencie les téléfilms de Noël ce sont surtout les moments clefs romantiques qui marquent, dommage que la scène dans la voiture se retrouve noyée dans le brouhaha du film, c'était un moment de qualité avec un dialogue qui frappe, mais ce n'était qu'un moment fugace hélas.