Dans les cartons de la Paramount depuis quelques années, Love and Monsters laissait préfigurer un road-movie à la Mad Max et Zombieland : signant finalement un carton plein l’an passé sur Netflix, le long-métrage de Michael Matthews emprunte davantage au second, car ne partageant pas grand-chose (voire rien du tout dans l’esprit) avec le premier.
Jugez donc : un récit porté par un anti-héros pas totalement dégourdi, bravant le danger au cœur d’un monde ouvert menaçant, rencontrant dans sa quête d’autres survivants, fiers et débrouillards pour leur part, évoluant par la force des choses... et rédigeant un manuel de conseils propice à la survie. Oui, Joel et Columbus ont énormément en commun, c’est un fait. Néanmoins, le film de zombie l’emporte ici dans les grandes largeurs sur celui de monstres, ce dernier n’étant pas palpitant pour un sou, trop peu original et balisé à l’envie.
De prime abord, Love and Monsters semble hésiter tout du long entre deux approches : celle légère, douée de vertus parodiques désamorçant la tension ambiante, l’autre plutôt sérieuse, jonglant entre la condition incapacitante de son protagoniste, son passé dramatique et ses aspirations sentimentales. Problème : le récit des pérégrinations de Joel n’est guère drôle, pas assez touchant et aucunement frissonnant. La comédie horrifique post-apocalyptique promise échoue donc à captiver le spectateur, contraint de se contenter d’un rythme correct, de quelques bonnes trouvailles et d’une distribution sauvant les meubles.
Il y avait pourtant bien matière à tisser quelque chose de plus grand et/ou profond : en termes de démesure, ou plutôt de dépaysement, Love and Monsters ne fait pas honneur à son postulat de base, coupable d’une paresse transpirant au sein d’un bestiaire malingre, d’un degré de dangerosité dérisoire (en comparaison de tout le foin fait à propos de la surface) et d’une prouesse transparente. Côté romance, l’intrigue rappelle une fois encore Zombieland, bien que nous puissions lui accorder des réelles prémices, sources d’un malaise présentant l’aventure, le but et les motivations sous un jour cocasse : malheureusement, le long-métrage se prend les pieds dans le tapis en bout de course, la dulcinée tombant sous le charme de son soupirant désormais... « capable ».
Non pas que Love and Monsters cède grossièrement à de vilaines sirènes, mais telle est l’impression donnée, lui qui va contredire avec facilité le discours pertinent et la personnalité travaillée d’Aimee : tant pis. Cette sensation de gâchis est d’ailleurs confortée par le message explicite que nous assène son dénouement, sommet de clichés lisses et sans saveurs, faisant définitivement basculer le film du côté du divertissement tout public sans panache. À l’image d’un Dylan O’Brien sympathique, le moment n’est pas désagréable mais définitivement oubliable.