Lone Ranger est la bonne surprise de cet été. Le film fait un flop monumental aux Etats-Unis où l'histoire est pourtant tirée d'un récit extrêmement populaire là-bas. Et c'est encore un exemple de film dont je n'attendais pas grand chose et qui m'a agréablement surpris.

Le film est évidemment très loin d'être parfait, mais il est absolument honorable : les trois premiers quarts d'heure sont un hommage appliqué (quoiqu'influencé par la mode post-postmoderne de ces temps-ci, j'y reviendrai) au western : tourné en décors naturels, dans la Monument Valley, avec musique pompière et tout l'attirail : trains, chevaux, diligences, appareils photographiques des premiers temps, indiens, etc. Un régal agrémenté d'une très belle séquence ferroviaire quasi inaugurale.

La suite n'est malheureusement pas trop à la hauteur justement à cause d'un mélange des genres trop systématique qui vire un peu au grand n'importe quoi : western, aventures, policier, complots, comédie, un soupçon de fantastique, etc. C'est loin d'être désagréable mais le scénario est embrouillé et on s'y perd un peu. Depp cabotine cependant pour notre plus grand plaisir, et Hammer n'est pas trop mal. Certains vannes tombent à plat et d'autres font mouche et quelques séquences sont vraiment réussies. La violence du film m'étonne quelque peu pour un spectacle qui se veut familial (le méchant est vraiment, très méchant).
J'ai du mal avec les séquences intercalaires de confrontation entre Depp vieux et le gamin qui lui rappelle le Lone Ranger, même si l'idée de base pour lancer le récit a moitié fantasmé en flashback n'est pas mauvaise. Le film repose sur un des plus vieux mécanismes du cinéma et c'est tout à son honneur : la mémoire et ses défauts, la tendance à embellir et déformer les choses, qui explique malicieusement quelques incohérences et une dérive vers le fantastique.

Après ces errances relativement trépidantes et un peu fatigantes, le film se ressaisit de manière spectaculaire pour un finale ferroviaire à fond les ballons, magnifique hommage au Mécano de la General de Buster Keaton. Ce délire ferroviaire sur du Rossini à fond est un pur plaisir jubilatoire et fait oublier la sophistication vaine du scénario.

Parmi les autres qualités de ce long film d'aventures, on citera un running gag hilarant avec un cheval immaculé :
"There's really something wrong with this horse !" qui restera surement dans les mémoires de nombreux spectateurs. Verbinski n'est certainement pas aussi doué que Spielberg pour entremêler genres et registres différents et apporter de l'émotion et de la profondeur à ses sujets, mais c'est un excellent entertainer, et après tout, l'ouverture et la conclusion du film vont dans ce sens : le western n'est qu'un vestige d'un passé pas si glorieux (ce que le film montre par sa violence et son constat sans appel de la cruauté de certains pionniers) et aujourd'hui changé en folklore de foire, qu'il n'appartient qu'au cinéma de réinvestir pour en faire un divertissement un minimum "avisé".

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le 17 août 2013

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Krokodebil

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