Joshua Shapiro (Tim Roth), tueur à gages, est envoyé en mission dans son quartier natal, Little Odessa, quartier russe de Brooklyn. C’est l’occasion pour lui de renouer avec son petit frère (Edward Furlong), qui lui apprend que sa mère (Vanessa Redgrave) est mourante. Mais son père (Maximilian Schell), lui, a complètement renié Joshua, et refuse de le voir mettre le pied dans le foyer familial.


Dès son premier film, James Gray montre à quel point il maîtrise les codes du film noir. Mais si les conflits au sein de la mafia russe occupent la toile de fond du film, c’est d’abord à un drame familial que nous assistons ici, et Gray parvient à restituer avec une justesse rare, dénuée de toute concession, ce spectacle déchirant.
Il n’y a pas vraiment de méchant, dans cette tragédie, et c’est justement bien ce qui lui donne son caractère tragique. Car on est aussi prêt à prendre parti pour un père aigri et colérique, mais qui, au fond, ne cherche qu’à protéger son plus jeune fils contre l’influence néfaste de son grand frère, que pour ledit grand frère qui ne cherche qu’à revenir auprès de sa famille et de sa mère mourante.
A l’image d’une mise en scène sobre mais élégante, le casting réuni devant la caméra de Gray semble lui aussi d’une étonnante perfection, parvenant à faire surgir un poignant drame humain derrière l’apparente froideur des différents personnages, faisant jaillir des enjeux profonds et émouvants là où on n’aurait pu voir qu’une banale histoire de disputes familiales et de règlements de compte. Mais à travers ce film, c’est quelque chose de puissant que de sombres faits divers qui se joue. C’est le destin tragique d’une famille brisée, déracinée, que Gray met en scène ici, et ce faisant, il ne fait finalement rien d’autre qu’écrire les grandes heures de la tragédie, à la suite d’un Eschyle, d’un Racine ou d’un Shakespeare… Rien que ça !

Tonto
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le 11 mars 2017

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Tonto

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