Miss Little Sunshine est un feel good movie du genre de Juno, 500 days of Summer, Away We Go, Le monde de Charlie ou Submarine, entre autres. Ce sont des madeleines de Proust. Elles se savourent avec plaisir, sans rien perdre de leurs saveurs et du bien-être qu’elles me procurent.


Une famille dysfonctionnelle


Les membres de cette famille sont esquissés en quelques coups de pinceaux. On découvre la jeune Olive (Abigail Breslin) qui repasse en boucle le sacre de Miss America, dont elle tente de reproduire les expressions et paroles. Son frère Dwayne (Paul Dano), un adolescent comme les autres, mal dans sa peau, en révolte contre ses parents, qui déteste tout le monde, lit Nietzsche pour se donner une contenance, entre quelques pompes, et ne dit plus un mot depuis neuf mois. Richard (Greg Kinnear), le père qui tente de se convaincre qu’il est meilleur que les autres. Il a élaboré un programme de 9 points, qui divise le monde en deux : les winners et les losers. Il passe son temps à rabaisser son entourage, tant il est convaincu par son discours. Sheryl (Toni Colette), la mère qui fait le lien entre chacun et se démène pour faire en sorte que chacun se sente bien. Edwin (Alan Arkin), le grand-père cocaïnomane et lubrique, qui n’a plus de filtre et donne des conseils aussi constructifs que ceux de son fils, Richard. Enfin, Frank (Steve Carell), le frère dépressif de Sheryl, un éminent spécialiste de Marcel Proust, dont la tentative de suicide est à l’image de sa vie, un ratage. Il se retrouve au sein de cette famille dysfonctionnelle et va les accompagner dans ce voyage, qui va les mener jusqu’au concours de Little Miss Sunshine.


Portrait craché d’une famille (pas) modèle


Les parents ont une vision différente de l’éducation. Le fils ne passe qu’à fuir cet enfer. Le grand-père se réfugie dans la drogue et Olive semble la seule personne dite normale au sein de cette famille. L’arrivée de Frank est susceptible de mettre le feu aux poudres. La tension est palpable lors du repas de famille, cela peut basculer à tout moment mais la mère parvient à maintenir à flot, ce navire qui tangue sévèrement. Déjà que c’est difficile de gérer ce petit monde dans une demeure, alors l’idée du road trip dans un van délabré ne semble pas en mesure d’arranger leurs rapports.


Le film est constamment sur la corde raide. On peut facilement basculer dans la tragédie. Ce serait un film français, ce serait le cas. Heureusement, les réalisateurs Valérie Faris et Jonathan Dayton ne cède pas à la facilité. Chaque situation potentiellement explosive est désamorcée par un mot ou un regard. Le road trip permet aux membres de cette famille d’enfin communiquer, de se comprendre et de s’unir pour assouvir le rêve d’Olive.


Un des visages de l’Amérique profondément déprimante


Le père est un pur produit américain. Il est adepte du self made man. Olive ne veut pas le décevoir. Elle est sous son influence et ne cesse de chercher son approbation. Pourtant, la figure paternelle du père n’est pas des plus exemplaires. Les deux hommes se ressemblent, à la différence que l’un d’eux n’attend plus rien de la vie, en se complaisant dans la drogue et le sexe. Olive est en train de se construire. Elle est innocente. Elle s‘enthousiasme pour son concours de Miss, alors que les adultes n’ont plus de rêves. Sa joie est communicative. Comme sa mère, elle est le ciment de cette famille au bord de la crise de nerfs.


Le chemin pour arriver au concours est semé d'embûches. Au fil des kilomètres, le van se désagrège comme cette famille. Pourtant, il s’accroche et continue de tenir la route pour arriver à bon port. Chacun va se retrouver confronté à ses échecs et va devoir y faire face. Les voyages forment la jeunesse mais pas seulement. Ils forgent aussi le caractère, créent et resserrent les liens.


La découverte du concours de mini-miss est d’une tristesse. On nage en plein délire avec ses enfants maquillés à outrance et pratiquement dénudés face à des adultes C’est un moment malaisant avec le présentateur aux yeux qui brillent face à ces proies faciles. A nouveau, Olive détend l’atmosphère et bouscule les conventions pour nous emporter avec elle sur Super Freak de Rick James.


Enfin bref…


Miss Little Sunshine est véritablement un feel good movie. Le casting est composé de talents générationnels, qui se complètent à merveille. C’est aussi la naissance d'un grand acteur, Paul Dano, qui va confirmer dans There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson face au monstre Daniel Day-Lewis.


À noter, la présence de Bryan Cranston en éditeur et de Dean Norris en motard de la police, deux ans avant de se retrouver dans la monumentale série Breaking Bad.

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le 14 févr. 2023

Critique lue 17 fois

Laurent Doe

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