Little Miss Sunshine par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Olive Hoover est une petite gamine de sept ans qui vit au Nouveau Mexique au milieu d'une famille assez particulière. La mère, sur qui tout repose dans l'organisation de la cellule familiale, essaie tant bien que mal d'assister son frère dépressif, homosexuel et proustien dans l'âme, victime d'une tentative de suicide après une rupture avec son amant. Le père exerce la profession de "motivateur". En fait, malgré son optimisme débordant, il ne motive pas grand monde et les finances de la maisonnée s'en ressentent. Le frère d'Olive a décidé de faire vœu de silence jusqu'à la réalisation de son rêve : devenir pilote dans l'armée de l'air. Il ne communique avec le monde extérieur qu'au moyen d'un carnet et d'un stylo. Quant au grand-père, exclus de sa maison de retraite, il brûle sa vie entre ses souvenirs égrillards, l'héroïne et l'obsession du sexe. Au milieu de tout cela, Olive a un rêve qui trotte dans sa tête, celui de participer à l'élection de "Little Miss Sunshine" en Californie. Et, tombant à point nommé, la fillette reçoit une invitation à participer à ce concours. Aussi, la famille décide-t-elle de partir à bord d'un vieux combi "Volkswagen" brinquebalant soutenir sa progéniture. Dès lors, les péripéties vont commencer à s'accumuler au long de ces trois interminables journées de route qi risquent à tous moments de compromettre la participation d'Olive à l'élection...


Voilà un film délirant au possible que nous présentent Jonathan Dayton et Valerie Faris, dont c'est la première réalisation. Cette intrigue, où se mélangent le drame, le burlesque et le réalisme, ne peut manquer, même dans ses moments les plus tragiques, de nous faire rire. En effet, c'est à un véritable festival d'humour noir et caustique que nous sommes invités.
Il est vrai que nous plongeons au sein d' une famille peu ordinaire. Très vite nous allons découvrir l'ambiance tendue et anticonformiste du noyau familial. Les protagonistes ont, pour la plupart, un manque d'équilibre évident dans leur manière d'être. Parfois médiocres, cruels ou inconscients, ils se montrent toujours excessifs dans ce qu'ils entreprennent et, malgré cela, on ne peut s'empêcher de les trouver sympathiques et de les soutenir tant ils se débattent dans une société rigide et par là-même conflictuelle.
Olive est une adorable petite fille binoclarde et rondouillarde, vouant un véritable culte à son inclassable et original grand-père. Elle n'a peur de rien, brille comme son père par sa pugnacité et son optimisme. Sa beauté n'est pas artificielle, elle est bien réelle grâce à son enthousiasme, sa tendresse et sa simplicité, pour tout dire, son âme. C'est elle qui sera le véritable catalyseur de sa famille, souvent désunie à la suite des accumulations de situations problématiques inattendues qu'elle traverse.


Cette œuvre regorge de scènes remettant en cause les bons principes d'une société aseptisée et moraliste et démontre combien celle-ci est composée principalement d'artifices. Le moment du très "bon chic, bon genre" concours de "Little Miss Sunshine" est un morceau d'anthologie avec son présentateur guindé, ses dames patronnesses et le défilé des jeunes candidates plus sophistiquées les unes que les autres et plus proches de la poupée "Barbie" que des canons de la beauté éternelle. Les dialogues de Michael Arndt dans lesquels la dérision prend toute sa puissance, sont d'une grande finesse.
Il faut bien sûr revenir sur la prestation des acteurs de cet hallucinant voyage avec, au tableau d'honneur, notre attachante petite Olive, Abigail Breslin, accompagnée de sa famille de supporters délirants et anti-conformistes : Greg Kinnear, le père, Toni Collette, la mère et son frère Steve Carell, Paul Dano, le frère d'Olive, sans oublier bien sûr le sacré et hallucinant grand père, Alan Arkin.


Toujours est-il que, même si l'on ne partage pas forcément de l'avis et certains mœurs de la famille Hoover et si on ses choix, ni ses convictions sont parfois discutables, on effectue un voyage aussi mouvementé que drôle, à bord du vieux combi déglingué. De plus j'attire votre attention sur le dénouement improbable de cette aventure pleine de rebondissements !


Ce film a obtenu le Grand Prix du Festival de Deauville 2006.

Grard-Rocher
8
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Créée

le 27 juil. 2014

Modifiée

le 31 mars 2013

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