Bon, je vais commencer par avouer une faute (à demi pardonnée donc): je n'avais encore jamais vu ce film!!! Pour quelqu'un qui se croit cinéphile, je suis bien conscient que ça craint un peu.....

Petite surprise, une grande présence de l'humour à laquelle je ne m'attendais pas forcément connaissant à peu prés le pitch du film. C'est simple, je me suis cru dans un Lucky Luke avec des personnages qu'aurait pu créer Goscinny : Mr Merriweather (bonimenteur et voleur à en finir avec le goudron et les plumes), Jack dans sa période Kid Limonade (tireur hors pair mais sans personnalité avec un costume ridicule,cherchant à copier Hickoc dans sa façon de s'asseoir), Caroline Crabb (j'ai tout de suite pensé à la Calamity Jane dessinée par Morris), Ours des montagnes (un indien contraire!) et j'en passe....
On est dans l'anti-western parodique, avec Hoffman en anti-heros opportuniste (un coup chez les indiens un coup chez les blancs) parfois lâche. Il n'est pas acteur de l'Histoire mais témoin de l'Histoire.

Mais Little Big Man ce n'est pas que ça. Plus le film se déroule et plus la gravité s'installe. Un certains pessimisme apparaît et les scène se font de plus en plus dures et impitoyables (les attaques du camp indiens, l'exécution de Rayon de Soleil et de son bébé...) faisant passer le spectateur du rire aux larmes. La rupture intervient quand Jack perd le regard naïf (voire enfantin) qu'il avait sur le monde quand il participe pour la première fois, en tant que muletier, à l'attaque ordonnée par Custer ("Un ennemi m'avait sauvé la vie en en assassinant un de mes meilleurs amis.Le monde est trop absurde). A partir de là on a un tout autre film.

Le politiquement correct n'a pas sa place dans ce film. De nombreuses personnes en prennent pour leur grade: l'hypocrisie des gens se disant religieux (faut dire qu'il en faut pas non plus beaucoup pour me convaincre) avec la nympho-cougar Miss Pendrake, la réhabilitation de la vraie histoire des Indiens (une véritable guerre coloniale et génocidaire) et la démystification du Général Custer. Arthur Penn ridiculise à l'extrême ce dernier en en faisant un homme imbu de sa personne, impitoyable, bête et colérique. Il ne reste plus,au spectateur de l'époque, qu'à faire le parallèle avec la guerre au Vietnam....

Un dernier petit mot sur les acteurs qui sont tous exceptionnels (Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Richard Mulligan...) avec une mention particulière au charismatique Chief Dan George, véritable indien, que l'on retrouvera dans le trés bon "Josey Wales hors la loi" de Clint Eastwood. La dernière scène où il attend la mort est superbe.

Une oeuvre majeure du cinéma (pour votre bien, ne faîtes pas comme moi, regardez-là en VOST) ou comment passer d'une oeuvre picaresque à une formidable ode à l'humanisme.
Kowalski

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