Inde,années 80.Saroo,un gamin de cinq ans,vit au sein d'une famille pauvre habitant un village déshérité.On s'en sort par des boulots précaires et des rapines,le môme n'étant pas le dernier à aller au charbon,au "propre" comme au figuré,en compagnie de son frère aîné.Mais il est particulièrement excité et tellement con qu'il s'arrange pour se retrouver par inadvertance tout seul à Calcutta,à 1500 km de chez lui.Après diverses galères,il sera adopté par un couple de crétins de bobos australiens mais,la trentaine arrivée,il fait sa crise identitaire et se met à rechercher sa famille biologique.Le réalisateur australien Garth Davis,qui s'était signalé en shootant certains épisodes de l'excellente série "Top of the Lake",signe là son premier long-métrage en adaptant le livre de Saroo Brierley qui y conte sa propre histoire.C'est loin d'être une franche réussite,ce mélo à visée larmoyante ne parvenant paradoxalement pas à provoquer la moindre émotion tant c'est filmé de manière plate,désincarnée et académique.C'est long,c'est chiant,c'est lent,c'est illustratif et contemplatif,au point que la charge émotionnelle potentielle du sujet est complètement diluée.La première partie,avec le Saroo enfant,est particulièrement calamiteuse.Ah,l'Inde!Quel beau pays!Sa misère endémique,son culte de la débrouillardise,sa surpopulation,ses enfants des rues,ses SDF affamés,sa pollution omniprésente,son système ségrégationniste de castes dont étrangement ces branleurs de progressistes ne s'offusquent jamais!Les anglais ont bien fait de se barrer de là,c'était le Brexit avant l'heure.Davis nous abreuve de ce folklore bien réel mais vu mille fois au cinéma sans imprimer la moindre puissance ou le moindre rythme à son évocation,ce qui est un comble car le thème s'y prêtait.La description de Calcutta notamment pourrait remuer les tripes,surtout quand on voit ces mômes devenus des proies faciles pour les prédateurs,notamment les réseaux pédophiles,ou ces orphelinats où ils sont entassés et où ils subissent des brutalités.Mais rien n'y fait,le vide sidéral de la réalisation et la caméra tournant au ralenti annulent toute implication sentimentale.La seconde partie,avec Saroo adulte en Australie,est un peu supérieure,mais ça traîne encore désespérément au gré des états d'âme du garçon consciencieusement tartinés avec une lenteur abominable.Saroo s'embrouille mollement avec sa copine,avec son frère,un autre indien adopté mais taré à bloc celui-là,ou ses parents de substitution.Il passe beaucoup de temps sur Google Earth à chercher son village natal,et il mettra du temps,trop de temps,à trouver.C'est d'ailleurs un peu bizarre tout ça,enfant il se souvient du nom du bled,même s'il le déforme,de sa famille,qui du reste le recherche activement,mais pas de celui de la ville voisine toute proche où il allait régulièrement.Curieux que la police ne puisse localiser son origine.D'accord c'est l'Inde,OK c'est un pays immense,mais quand même on est dans les eighties,pas au Moyen-Age.Et même 25 ans plus tard le gars a du mal à trouver malgré internet.Du coup le final avec le retour en Inde,seuls moments un peu émouvants,est expédié faute de temps et mal exploité.Le film est produit par les frères Weinstein,c'est donc assez cossu et le casting aligne quelques comédiens de renom.Dev Patel,qui est Saroo adulte,constitue une des rares raisons de s'infliger ce truc.Beau et juste,charismatique en diable,l'acteur de "Slumdog Millionnaire" et "Indian Palace" occupe l'écran brillamment et on comprend pourquoi il est le seul indien à exister à l'international.Rooney Mara,en petite amie patiente face à son mec dépressif,est charmante mais on l'a vue plus concernée,et puis elle est largement sous-employée ici.Nicole Kidman,la maman adoptive,hérite d'un look atroce de femme de clergyman,moins mère que mémère,et ses grimaces douloureuses ne convainquent pas du tout.Il y a aussi David Wenham,que le réalisateur avait dirigé dans "Top of the Lake".

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le 17 déc. 2021

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