« Section 1. Neither slavery nor involuntary servitude, except as a punishment for crime where of the party shall have been duly convicted, shall exist within the United States, or any place subject to their jurisdiction. »
« Section 2. Congress shall have the power to enforce this article by appropriate legislation. »

Il aura fallu près de dix ans à Steven Spielberg pour nous livrer son Lincoln. L’adaptation fut repoussée pour des raisons de plannings et Daniel Day Lewis remplaça un Liam Neeson longuement rattaché au projet.

Dix ans pour livrer aux spectateurs un pan de l’histoire américaine aussi passionnante que minutieusement racontée.

Abraham Lincoln est né en 1809 dans le Comté de Hardin (Kentucky). Ses parents étaient fermiers mais Lincoln choisit une vit différente et en 1836 il passe l’examen du barreau pour devenir avocat, après avoir enchaine différents boulots, de magasinier à capitaine de compagnie. En 1846, alors installé à Springfield, il est élu pour la première fois à la Chambre des Représentants. En 1854, il est élu au Congrès. On y découvre un anti-esclavagiste, fervent défenseur du chemin de fer et opposant à l’entrée de nouveaux États esclavagistes dans l’Union.
Après avoir été choisi par les Républicains (le parti ayant également fait élire Grant, Hoover, Eisenhower, Nixon, Reagan ou encore Bush père et fils), il devient le 16e Président des États Unis le 6 novembre 1860. Il sera réélu en 1865 alors que la Guerre de Sécession fait rage depuis quatre ans.

C’est dans ce contexte que démarre le film de Steven Spielberg, choisissant de se focaliser sur les derniers mois du Président. C’est d’ailleurs un évènement plus précis encore que le film raconte : le vote du 13e Amendement à la Constitution, instituant de façon permanente l’abolition de l’esclavage (en réalité déjà aboli dans de nombreux États mais pas encore de façon nationale), vote qui ne se fera pas sans douleur notamment à cause du système politique complexe existant aux USA et qui demande la majorité des deux tiers pour parvenir à une élection (ce qui impose aux élus d’un parti de devoir retourner leurs vestes pour que le texte puisse passer).

Tout ces détails sont très académiques mais néanmoins obligatoires pour mieux approcher le film de Spielberg. En effet, les premières minutes peuvent paraitre indigestes pour quelqu’un n’y connaissant rien en politique américaine. Le réalisateur choisit en effet de s’intéresser à cet évènement sans pour autant l’expliquer pour qui n’est pas Américain. Très politique, le film peut donc avoir un petit coté inaccessible et sembler dénué d’émotions – du moins à son commencement. Se succèdent en effet de longues scènes de discussions entre politiciens, chose qui n’est pas sans rappeler The West Wing (A La Maison Blanche, la série d’Aaron Sorkin) transposé au 19e siècle. Spielberg insiste d’ailleurs sur cet aspect en limitant les scènes de la vie privée du Président et en montrant le moins possible autre chose que son sujet. Nous n’avons donc pas droit à une grande fresque sur la Guerre de Sécession ni sur la fin de l’esclavage mais bien à un film de politique pure.

Mais Spielberg est un formidable raconteur d’histoire et si le début est un peu délicat à digérer, on se prend petit à petit au jeu des embrouilles politiques. Au montage habile il faut ajouter une réalisation sobre et efficace et surtout une photographie absolument sublime. Janusz Kaminski, déjà directeur de la photo sur Munich et War Horse, livre un éblouissant travail auquel il faut ajouter les décors et costumes, reconstitution minutieuse et ultra soignée de l’époque, et un John Williams tout en discrétion mais néanmoins efficace.

La véritable performance du film vient du formidable casting. Outre les seconds rôles très souvent méconnaissables (Lee Pace, James Spader, John Hawkes ou encore Jackie Earle Haley pour ne citer qu’eux), il faut citer la très belle performance d’un Tommy Lee Jones au sommet de sa forme.
Mais, surtout, Daniel Day-Lewis incarne un Président Lincoln plus vrai que nature. Totalement impliqué dans son personnage, brillant, il campe un Lincoln vieillissant mais terriblement humain, parfois drôle, et toujours amateur d’une anecdote à raconter. C’est bien simple : Day-Lewis est quelques coudées au dessus de tous les acteurs qui ont brillé en 2012 et devrait sans aucune difficulté repartir début 2013 avec sa troisième statuette dorée après My Left Foot et There Will Be Blood.

En privilégiant le coté « vie politique » d’Abraham Lincoln, Steven Spielberg livre au final un film de prime à bord difficile d’accès préférant évoquer les faits historiques tels qu’ils ont réellement eu lieu plutôt que de céder à la tentation d’adapter pour mieux charger son histoire en émotions. Mais grâce aux très belles images, à la prestation d’un éblouissant casting ainsi qu’à un passionnant sujet, le spectateur finit par se prendre au jeu et sort de la salle avec l’envie d’en savoir un peu plus sur la vie politique américaine et ses grands hommes qui ont fondé les Etats Unis d’Amérique.
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le 10 janv. 2013

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