Liaison fatale par Mots_Passants

Il est évident qu’en 2019, ce film que j’ai revu récemment, sans ne plus rien représenter du tout, surtout en France, n’a pas le même ”impact” qu’il y a 32 ans.

Il faut repositionner le film dans son contexte. Il témoigna, par excellence, du ”malaise puritain” de l’Amérique entrainant une fronde considérable entre le ”vice et la vertu”. C’était, en plus, la première fois que Gleen Close, à laquelle le public était plutôt habitué dans des rôles de jeunes femmes plutôt ”gentilles” se montrait plus que totalement ”méconnaissable”.

”Liaison Fatale” pourrait être comparé au film (rangé dans "thriller") ”Un frisson dans la nuit” sorti en 1971, de et avec Clint Eastwood.

Il y a toutefois une différence ”considérable” (on pourrait écrire ”insurmontable”) entre le personnage joué par Clint Eastwood et celui interprété par Michaël Douglas.

Ils vont réaliser l’un comme l’autre que suite à leur coucherie d’un soir, ils vont avoir affaire à une cinglée (je résume ”à la louche” mais c’est voulu) mais l’homme interprété par Clint Eastwood, lui, n’est pas marié.

Pour les américains en 1987 il était ”impossible” de montrer un homme marié infidèle sous un jour finalement plutôt sympathique.

C’est pour cette raison que la production a dû lutter pour parvenir à le faire sortir sur grand écran. Les studios s’y étaient tous opposés et de manière en plus unanimes.

Pourquoi à ce point là ? Parce qu'il était tout bonnement ”intolérable” qu'un mari infidèle puisse apparaitre comme tant soit peu sympathique ! C’était quelque chose de particulièrement immoral, donc d’inconcevable.

D’ailleurs, le film (dont le titre à lui seul dévoilait la fin) s’il fut interdit en France au moins de 12 ans fut interdit aux US carrément aux moins de 17 ans !... Rien que ça !

La toute-puissante MPAA, qui assure la classification des films, veille. Or il semblerait qu’elle soit bien plus coulante avec la violence qu’avec le sexe mais je ne vais pas épiloguer sur ce sujet.

En France, ça aurait défié plutôt l’entendement d’autant que l'adultère n'était plus une faute pénale depuis 1975 (abrogation des articles 336 à 339 de l'ancien code pénal) mais aux USA, même Gleen Close a avoué avoir été ”détestée” au plus haut point car le public confondait la femme et le rôle et la comédienne a même reçu des courriers avec menaces de mort ! Il faut quand même le faire....

Il ne faut pas d’ailleurs oublier que même en 2019, l'une des spécificités du droit militaire américain (Art. 134 de l'Uniform Code of Military Justice (UCMJ)) est qu’il interdit formellement l'adultère, en tant que "menace à la discipline de l'armée" ! Bon, tout est devenu aujourd’hui plus symbolique et surtout il y a suffisamment sur Internet d’articles relatifs à ce sujet pour que je n’en rajoute pas.

Ce film est devenu contre toute attente un énorme succès international. Il fait partie, même, des plus imités depuis 32 ans.

Toutefois, ce qui rend ”Liaison fatale” meilleur (ou un peu meilleur en étant plus nuancée) que ses clones (mis à part bien sûr le fait qu'il fut surtout le premier du genre) est, d'une part, que la mise en scène parvient à rendre l’ambiance bien angoissante. D'autre part, ce qui est à saluer à l’époque fut la performance de Glenn Close, en femme amoureuse (un peu cinglée quand même dès le départ) qui va vouloir s’approprier l’objet de son désir à en devenir obsessionnelle, démoniaque, effrayante, psychotique devenant psychopathe jusqu’à tomber dans la démence.

Film moralisateur par excellence qui voulait démontrer au spectateur que si on file un coup de canif au contrat (adultère), comme d'autres l'avaient écrit : "même si l’orgasme est très bon, il ne peut conduire qu’au châtiment" !

Je suis peut être bien généreuse aux yeux de certains spectateurs en attribuant à ce film 7 étoiles mais à mon goût, c'est tout de même une réalisation qui, tout en étant peut être dispensable par rapport à d'autres, n'est pas un navet.