Monster Dog
4.2
Monster Dog

Film de Claudio Fragasso (1984)

Film curatif pour son acteur principal alors engagé dans une désintoxication d’alcool, Monster Dog met en vedette le rocker Alice Cooper dont deux clips vidéo encadrent le récit – si tant est que l’on puisse appeler cela un récit puisque partout semble régner improvisations et rafistolage à force d’antagonistes et d’intrigues secondaires servant à occuper le temps d’écran entre deux apparitions fugaces du chien diabolique inspiré de Conan Doyle, risible au demeurant. Notons au passage que le dernier clip est un best of des meilleures scènes d’un long métrage qui n’en comporte aucune à proprement parler, sinon lors de mouvements de caméra élégants mais vides de sens. Un grand moment d’orgueil mal placé, en somme.

Seule vaut la photographie brumeuse de José García Galisteo, qui travailla sur l’adaptation par Orson Welles de Don Quichotte : nous avons l’impression de voir un condensé de l’atmosphère électrique présente dans l’œuvre de John Carpenter, notamment The Fog (1980) pour la texture brumeuse du cauchemar portuaire et The Thing (1982) pour les plans sur une meute de chiens apeurés devant une source lumineuse bleutée. Le reste est catastrophique, qu’il s’agisse de la surenchère d’intrigues articulant rêves et réalité, de la mise en abyme du spectacle représenté avec l’exhibition des coulisses, ou de l’interprétation stéréotypée d’acteurs comme engagés dans des films différents – aucune fédération, aucun esprit de groupe, aucune unité.

Finissons par une hypothèse de lecture : Tim Burton a-t-il rendu hommage à Monster Dog avec Dark Shadows (2012), en lui empruntant Alice Cooper et cette femme hypnotisée vêtue d’une robe blanche (Angela) marchant dans la lande comme le fait Josette ? Aussi aurait-il transcendé cette production médiocre qui ne dispose pas des moyens de son ambition et pastiche, dilue, maquille dans l’espoir d’illusionner.

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le 26 mai 2023

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