Entre le sous sous Dead Zone et le giallo qui pue des pieds. Voilà comment on pourrait schématiser de manière très crûe ce film de Kershner, qui bénéficie pourtant d'un casting intéressant : Faye Dunaway pas encore liftée qui sortait de Network, Tommy Lee Jones avec des cheveux !?!, Brad Durif inquiétant... pléonasme, Raoul Julia quelque part entre Lou Reed et Rocco Siffredi, et René Auberjonois en bitchy guy permanenté façon Stéphane Bern. Bon, ok ce name dropping ne pèse pas si lourd en fin de compte. Mais l'histoire et le scénario sont quand même signés de Carpenter ! Que demander de mieux pour un thriller fantastique ? Peut-être de faire un truc original et donc l'unique but n'est pas de mener le spectateur en bateau....

Laura Mars est une photographe de renom dont la dernière exposition fait beaucoup parler en raison de son extrême mauvais goût. Des meurtres sauvages mis en scène avec complaisance. Des mannequins anorexiques qui gisent dans une marre de sang avec le regard dans le vague. Oui ça semble racoleur, mais Laura veut dénoncer la violence, et créer une sorte d'overdose aux yeux du public afin de lui faire prendre conscience que trop de violence eh bien c'est trop ! La justification est peu convaincante j'en conviens. Mais passons, dans le fond ce qui choquait en 78 est devenu banal, et le débat sous jacent sur l'esthétisation de la violence a clairement perdu de sa pertinence. C'est d'ailleurs un simple prétexte car le but du film est bien de foutre les jetons avec les fameux flashs meurtriers qui assaillent Laura et donc le spectateur.

Sauf qu'à vrai dire, c'est du déjà vu... La vue subjective qui rend le tueur impossible à discerner est un très vieux stratagème et ça me fatigue d'énumérer les films qui y ont recouru avant Laura Mars. Et l'un des problèmes du film vient du fait qu'on a aucune explication quant à la survenue de ces flashs. Ça me gêne toujours dans un film quand on fait se produire un événement surnaturel sans même essayer de lui fournir un début d'explication. Tout semble n'être qu'une mise en place bien creuse pour ces fameuses scènes de meurtre FPS, qui sont donc très banales.

Dans Dead Zone de Cronenberg, le sentiment d'inconnu et la violence des visions prenaient aux tripes tout le monde. Là on baille franchement devant les aventures du tueur au tournevis. Et ce ne sont pas les retournements de situation qui se limitent à éliminer de la liste des suspects tel personnage qui vont nous tenir en haleine. Et à partir du moment où Donald se fait buter par le tueur, on sait que la révélation finale va être absolument merdique. En gros : soit c'est Brad Dourif et donc c'est trop évident, soit c'est Raul Julia et c'est trop décevant ou enfin Tommy Lee Jones 100% improbable. C'est l'improbabilité qui remporte la mise. Tommy est schizo. La personnalité en trop devait être planquée dans le mulet.

A noter que c'est avec ce film que la carrière de Faye Dunaway prend un coup dans l'aile. Assez fou de se dire en revanche que celle de Kershner va monter de 5 crans puisqu'il se retrouve aux manettes l'année d'après de L'Empire contre attaque. Un des plus grands films d'aventure de l'histoire du cinoche. Personne n'a vu le truc venir pour le coup.

Negreanu
4
Écrit par

Créée

le 22 mars 2023

Critique lue 21 fois

1 j'aime

1 commentaire

Negreanu

Écrit par

Critique lue 21 fois

1
1

D'autres avis sur Les Yeux de Laura Mars

Les Yeux de Laura Mars
Schwitz
8

Critique de Les Yeux de Laura Mars par Schwitz

Ce film est une sorte de Giallo à l'américaine, qui suit les traces des légendes du film d'horreur italien, notamment Dario Argento et Mario Bava. Pour ceux qui ne seraient pas habitués au genre,...

le 5 nov. 2016

4 j'aime

2

Les Yeux de Laura Mars
MaximeMichaut
6

Critique de Les Yeux de Laura Mars par MaximeMichaut

Thriller subjectif chic et choc, EYES OF LAURA MARS est un pont entre deux époques, usant de ficelles hitchcockiennes dans la prémonition d'un glamour trash suintant. L'importance de la vue...

le 8 mai 2014

4 j'aime

Les Yeux de Laura Mars
BlueKey
6

Critique de Les Yeux de Laura Mars par BlueKey

Scénario qu'on eut dit écrit pour le Hitchcock des années 60 et 70 (plus morbides, sexuels, et européens que ses classiques des années 50), Les Yeux de Laura Mars souffre de n'avoir pas été conçu par...

le 10 févr. 2014

4 j'aime

3

Du même critique

The White Lotus
Negreanu
7

The tanned

Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...

le 14 déc. 2022

36 j'aime

3

The Outsider
Negreanu
4

Et si The Outsider était la nouvelle arme des américains pour faire chier nos jeunes ?

Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps...

le 10 mars 2020

29 j'aime

5

Mort à 2020
Negreanu
2

Death to "Death to 2020".

Charlie Brooker n'y est plus. Les deux dernières saisons de Black Mirror le laissaient présager, mais son faux docu sur 2020 pour Netflix est le plus souvent consternant et confirme la mauvaise passe...

le 6 janv. 2021

25 j'aime

10