Par vagues, la plus charmante des familles à qui le noir va si bien, toujours hors du temps et donc toujours d’actualité, revient nous faire des coucous.


Née sous la plume de Charles Addams, les illustrations loufoques et morbides ont été adaptées en différentes séries télévisées, dont il ne faut pas manquer la première, en films en prises de vues réelles ou animées, à l’image des deux récents.


Dans les années 1990, ce retour s’est incarné au cinéma sous la caméra de Barry Sonnenfeld, qui faisait alors ses débuts de réalisateur. Le premier film, sorti en 1991, est gothique de charmant, ou l’inverse, avec Caroline Thompson et Larry Wilson, à l’écriture, qui seront les principaux artisans du lugubre grand public des années 1990 (Beetlejuice, Edward aux mains d’argent, la Famille Addams, L’Etrange Noël de Mr Jack, des épisodes des Contes de la crypte, etc.).


La suite ne tarde pas à arriver, deux ans après. Le script est entre les mains de Paul Rudnik, qui avait déjà participé au premier, mais en dehors de ce changement, l’équipe reste la même, permettant de retrouver le très bon casting qui avait permis de redonner un nouveau lustre à la famille Addams en 1991.


La suite reste dans le même esprit, avec ce charmant foyer familial, mais enrichi d’une nouvelle tête, le dernier de la famille, le petit Puberté, assurément un Gomez puisqu’il est né avec cette moustache fine caractéristique. Les enfants Mercredi et Pugsley se liguent contre lui, avec la froideur de la grande sœur qui la caractérise si bien, au grand désarroi des parents qui n’y voient plus les jeux dangereux que se faisaient les deux enfants entre eux auparavant. Une baby-sitter est engagée, l’extatique Debbie, qui ne manque ni de charmes ni d’un esprit évidemment malin.


Le film rejoue une partition déjà bien connue. La famille Addams peut bien se différencier par son goût pour le macabre, ses habits défraîchis ou son vieux manoir poussiéreux, les films de Barry Sonnenfeld la montrent comme une famille riche et crédule, dont l’extérieur veut profiter. Si dans la série télévisée il s’agissait de s’amuser des différences entre la famille et le monde extérieur, généralement estomaqué qui en voyait une marginalité, les films de 1990 acceptent tant et si bien leurs différences que le trait le plus évident par rapport aux autres devient leur bienveillance et leur crédulité.


Jouée par Joan Cusak, la belle et maligne Debbie reste un antagoniste intéressant mais là encore la suite reprend les ingrédients du succès du premier, en impliquant à nouveau Oncle Fétide, qui devient amoureux fou de la belle au point de délaisser sa famille. Certes, malgré toutes leurs qualités, Raul Julia et Anjelica Huston ne peuvent rivaliser avec Christopher Lloyd en tant que petit chauve allumé et excentrique, incroyable prestation de chair pour un rôle presque de cartoon.


Après avoir tant peiné à l’intégrer à la famille dans le premier volet, la suite le retire donc, à nouveau pour en montrer toute son importance. Mais aussi qui rappelle une certaine fragilité de caractère dont il devient un peu usant de jouer encore dessus.


Parallèlement, suite à des petites manœuvres de Debbie, Mercredi et Pugsley se retrouvent en camps de vacances d’été. Prenant acte de la révélation de Christina Ricci dans le rôle de la petite fille calme et sombre, la suite lui donne bien plus d’importance, à raison, tandis que le frère, joué par Jimmy Workman, reste présent mais plus discret. L’inconvénient de cette intrigue secondaire c’est qu’elle prend une place bien trop grande par rapport à son intérêt. Et même si la tentation des scénaristes est grande de mettre les Addams dans la lumière plutôt que dans la pénombre, trop de soleil leur enlève les ombres qui les caractérisent.


Mis en images, ces deux intrigues se suivent sans déplaisir, mais avec la conscience qu’un tel matériel, la folie douce et macabre des Addams, n’est pas assez exploitée. De même, cette suite apparaît bien fade, peinant à restituer le macabre du manoir, presque invisible, tandis que la mise en scène apparaît quelque peu quelconque, sans grandes étincelles.


Cette suite peut-être sortie trop vite apparaît donc quelque peu décevante, mais il reste pour elle ses quelques qualités, dont ses personnages interprétés par des comédiens qui donnent le change et un humour un peu plus trempé dans le noir et parfois même polisson. Le film ne peut pas être explicitement violent, mais les quelques répliques lugubres notamment de Mercredi permettent de ne pas oublier ce qui distingue tant les Addams, un rapport au monde et à la vie (et la mort) différents (ah cette scène avec la strip-teaseuse dans le gâteau). Si l’histoire n’est pas si intéressante, quelques scènes ici et là rappellent pourquoi on aime tant cette famille Addams.

SimplySmackkk
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le 31 oct. 2022

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