juin 2010:

J'aime beaucoup ce film malgré un deuxième sketch que je trouve un petit peu trop lent. Tiens, là, tout de suite, je n'ai pas envie de dépenser de l'espace et des efforts à bavasser du clicheton sur la structure du film à sketchs et son hétérogénéité, blablabla... Concentrons-nous sur les films individuellement.

"Le téléphone" est un sketch très intense. Huis-clos palpitant qui met en vedette la plastique ravissante d'une brune Michèle Mercier bien plus tentante que la fade blondinette Angélique. Ici encore une fois, elle subit la situation, fait montre d'une grande faiblesse et Mario Bava s'active à la filmer de plus en plus perlante de sueur froide. Jouet d'une machination machiavélique qui se retourne sur la fin, elle apparait ballotée par les désirs d'affection ou de vengeance des autres. Bava condense l'action sans abuser de gros plans, ni d'une photographie exubérante, même si par-ci, par-là on note la vivacité et la profusion des couleurs. Il réussit à rester assez sobre sur ce point là. De même le jeu des comédiens est encore assez mesuré. Un sketch simple, élégant et d'une plaisante efficacité.

"Les Wurdulaks", dans la veine classique du film vampirique, permet à Bava de rendre un hommage appuyé à l'histoire cinématographique du genre. S'appuyant sur une époque ancienne et des extérieurs totalement façonnés en intérieur par des décors grandioses et un habillage visuel habituel chez lui (brumes, jeux d'ombres et de couleurs violacées),le cinéaste crée un monde de cauchemars pas vraiment réaliste. Il fait appel à la figure légendaire du cinéma fantastique, Boris Karloff himself, qu'on retrouve également en préambule et en conclusion pour des petits sketchs négligeables qui rappellent le travail de présentation des annonceurs dans les salles de cinéma d'antan, celui que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. Grimé étrangement et de manière quelque peu sommaire (le maquillage bleuté n'est pas étalé sur tout le visage laissant apparaitre la couleur de peau originelle de Karloff), le comédien construit un personnage dont il a le secret, très ambigu, mais finalement d'une effroyable expression. Pour le reste, les autres acteurs sont un brin figés, partent facilement dans un ton mélodramatique et des outrances finalement lassantes. Il est vrai qu'ils ne sont pas vraiment aidés par le rythme un poil trop lent à mon avis. Au final, il se dégage de ce sketch une impression trop factice à mon goût, quelque chose qui m'avait déjà contrarié quand j'avais vu "Le masque du démon" et qui m'avait stoppé dans mon élan baviste.

Par contre, le troisième épisode, "La goutte d'eau", me séduit beaucoup plus. Là encore, on retrouve comme dans le premier sketch des intérieurs sombres et colorés. L'orage à l'extérieur souligne avec force les lignes et les couleurs rouges et bleues.
Les deux actrices principales proposent un jeu correct et qui laisse le spectateur entrer doucement dans l'histoire.
Le maquillage de la défunte est en soi une petite réussite : trouille garantie, malgré sa plastique un peu rigide et abusivement ridée. Justement, cette esthétique exagérée donne à la "créature" une aura affreuse. Mes poils se sont hérissés illico quand je l'ai vue se lever de son lit. Effroi instantané.

Deux sketchs sur trois me plaisent beaucoup, un seul me fait tiquer. Etant donné mon piètre engouement pour les rares films de Mario Bava que j'ai vus, je prends ce film comme un encouragement à persister.
Alligator
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le 7 avr. 2013

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Alligator

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