Il faut que le cinéma français redécouvre qu'une de ses grandes heures de gloire s'est jouée dans les films de cap et d'épée. Cette adaptation des Trois mousquetaires lorgne plutôt du côté du film d'action bien burné, mais arrive à dégager l'humour propre à Dumas.
J'étais dubitatif pendant la première moitié du film. On commence par de l'action de nuit, avec une caméra qui suit à la Cuaron des combats d'épée chorégraphiés mais marqués par une certaine brutalité, loin de l'élégance et la légèreté des mousquetaires. Le contexte politique est montré de manière grave et sérieuse. Les éclairages vont plutôt vers le sombre, avec des casaques aux couleurs ternes, là où l'on attendrait du solaire, du coloré.
Et puis arrive la fameuse scène du triple duel. Et le film prend son envol. Le casting est bon. D'Artagnan est stupidement courageux. Je n'aime pas Romain Duris, mais la scène du crucifix montre parfaitement l'élégance et l'amoralité du personnage. Porthos est bisexuel (et on ne le voit pas assez !). Cassel campe un Athos cassé qui tient la route. Eva Greene joue une Milady protéiforme, insaisissable et cruelle (il lui manque un côté plus menaçant). Louis Garrel en Louis XIII falot et décalé, essayant de faire preuve d'autorité, est savoureux même si ce côté faible ôte un peu des enjeux dramatiques du film (le combat entre la reine et le cardinal pour la faveur du roi). Il n'y a que le cardinal de Richelieu qui aurait pu être plus émacié, plus charismatique. D'autant que la scène la plus savoureuse de l'oeuvre originale, l'humiliation du cardinal lorsque la reine paraît avec ses férêts, tombe un peu à plat.
Les trois mousquetaires (D'artagnan) hésite entre le film d'action prenant et l'humour léger et spirituel qui est celui de Dumas. Tant mieux si le premier aspect amène à cette oeuvre magnifique un nouveau publique, mais le film est à son meilleur quand il s'engage franchement dans la voie de l'humour.