Ah, les Lumières de la ville... tout commence dans une usine impersonnelle où Charlot fait tache et pète les plombs. Le rôle de la musique est primordiale dans ce film: elle ponctue tout. Ainsi l'histoire d'amour, un peu longue à mon goût. Surtout, elle est là dans les bons moments: quand Charlot décide de s'accorder un cigare alors qu'un policier l'a déjà menotté et apparaissant, dans la foule qui grouille, comme un paysan qui prend son temps.
Le meilleur de ce film est au début, quand Charlot n'est pas encore engagé dans l'American way of life. Il est communiste par erreur, héros sans vraiment le vouloir. Sa force, à Charlot, est de profiter du meilleur du capitalisme (faire du patin à roulettes dans les grands magasins, permettre à sa copine de dormir enfin dans un lit) sans jamais le voir comme une panacée.
Le film est fort car il critique à la fois l'usine (le fordisme), le capitalisme (les grands magasins) et l'engagement, la lutte (Charlot est un individualiste et au fond ne rêve que d'un foyer).
La foule a un rôle éminent dans ce film: foule d'ouvriers que Charlot fend avec habileté, foule de fêtards qu'il ne peut éviter, foule enfin de tueurs qui assassine le père de Paulette Goddard.
Cette foule, c'est le monde extérieur que Charlot veut éviter: il propose, contre l'action de masse (les idéologies, le fordisme, l'engagement militant), une petite vie pantouflarde, mais, ironiquement, celle-ci reste toujours inaccessible.