37eme film de l'année et reprise de la rétrospective de Charlie Chaplin, je découvre cette fois-ci un des plus grands classiques de l'auteur et le dernier en tant que Charlot.
On suit l'histoire de Charlot, employé sur une chaîne de production qui suite à des mauvais traitements et un rythme effréné imposé le poussent à la dépression nerveuse.
Profondément politique, l'auteur livre sous couvert d'une comédie légère et loufoque un brûlot anticapitaliste -contre cette société guidée par le Taylorisme et le Fordisme abrutissant et broyant littéralement les hommes- qui voit donc apparaitre, sous leurs yeux ébahis, en opposant étendard le personnage de Charlot dans une scène de manifestation malicieuse orchestrée mais aussi à travers sa façon systématique de mettre à mal la mécanique par ses actions toutes les choses qu'il touche.
Ce grain de sable dans cette mécanique bien huilée se traduisant notamment par la scène où Charlot est broyé par la machine mais surtout par la scène de chant dans le cabaret où celui-ci décide d'improviser rompant alors les ficelles qui le tenaient pantin pour devenir un artiste libre créant de l'art et n'hésitant jamais à fleurter avec le danger.
En parlant de danger, il est amusant de savoir que la scène où Charlot patine les yeux bandés proche d'un trou béant est en faite un trucage le plus simple au monde à savoir une énorme bâche peinte déposée au sol pour simuler le vide, la planche en premier plan dans le cadre rendant crédible le subterfuge.
Concernant l'histoire, elle est finement menée, laissant à chaque fois les situations se dérouler sans rusher tout en apportant à chaque fois des moments comiques via des mimiques ou via un comique de situation. Il y a un bon travail sur le rythme et les personnages sont attachants tout en comprenant aisément leurs émotions.
Charlie Chaplin et Paulette Goddard forment un duo détonnant et je ne peux que saluer leurs prestations. Le reste du casting n'étant que des faire-valoir ne sortant pas de leurs personnages fonction mais en le faisant bien.
Au niveau visuelle, Chaplin multiplie les décors ainsi que les prises de vue et propose un montage dynamique rythmée par une BO aux petits oignons ainsi qu'une partie sonore (mixage, bruitage) de très bonne facture.
J'ai vraiment apprécié le film que ce soit dans son propos, son humour, son histoire, ses personnages ou encore son aspect général.
Bien entendu, je tiens à rappeler que je ne juge ici que l'œuvre en elle-même et non l'auteur dont le passé serait bien plus nuageux pour rester poli.
A découvrir pour la culture tout en gardant en tête de ne juger que le film et son propos.