Le fil rouge des temps modernes, c'est la misère qui pousse les ouvriers au pétage de plomb, les débrouillards à improviser, les chômeurs à s'imaginer la vie de château dans leur masure croulante, à fuir comme la peste le gendarme et son bâton. La satire est parfaitement dosée, et on oscille toujours entre absurdité et tendresse, pathos et joie enfantine. La succession des sketchs entremêle la bouffonnerie et le lyrisme, on rit bêtement mais on rit aussi gravement. Comment ne pas être touché par ces miséreux qui dorment le temps d'une nuit dans le lit confortable d'un grand magasin ? Comment ne pas trouver férocement actuel le pétage de plomb de Charlot à sa chaîne de montage ?
Il manque bien sûr un liant et une narration claire dans ces Temps modernes pour crier au chef-d'oeuvre (ce n'est que mon avis bien sûr), mais je l'ai regardé avec un plaisir extraordinaire. Le personnage de Charlot est une légende du cinéma et il n'a pas perdu une ride. Sa virtuosité fait oublier les défauts d'un récit malheureusement terriblement d'actualité.