Après avoir récemment revu Les lumières de la ville, me revoilà retournant du côté de chez Chaplin avec cet autre délice.


Les temps modernes est une plongée dans la modernité dans tous les sens du terme. Le film en soi est très moderne. C’est fascinant de voir comment Chaplin réussit à ancrer son personnage, héraut de l’humanisme dans toute sa splendeur, au cœur de la modernité la plus exubérante et la plus agressive, une modernité réifiant l’homme, comme une ogresse ingurgitant et digérant sans émotion l’individu pour le bon fonctionnement d’un tout mécanique, dépourvu de sentiment et donc de sens.


Les temps modernes sont une proposition cauchemardesque que le Charlot toujours aussi libre récuse au grand dam de la grande machine et de ses moutons. L’amour pour sa Paulette Goddard, on le comprend tellement bien, qu’on le suit avec angoisse et bonheur. Axe principal, réel cœur de l’âme, il est bien entendu plus fort que le système social. Les incohérences et les injustices de cette société ne sont finalement que quelques scories dont la complicité des deux héros se prémunit avec grâce. Si l’idée est somme tout banale, la geste est émouvante.


Chevalier des temps modernes, le Charlot se bât contre l’adversité, l’insensibilité, la bêtise avec toujours autant d'opiniâtreté que d’impertinence. Ce film en dépit de cet environnement anxiogène est sourire, une audace dans l’Amérique d’avant guerre. Il rend hommage à l’esprit d’initiative, à cette foi toute américaine en l’avenir meilleur, quelques soient les circonstances. Et Dieu qu’elles furent cruelles après la grande dépression!


Tour à tour souriant, inquiétant, larmoyant le périple des deux tourtereaux ressemble à un parcours d'embûches, mais raconte aussi une très belle histoire d’amour. Sans doute que la façon dont le regard de Chaplin embrasse avec avidité le visage de Paulette Goddard me chuchote des petits trucs à l’oreille. Je peux facilement me sentir une proximité avec le personnage. L’amour peut parfois transcender les hommes et leur donner les moyens d’aller au-delà d’eux mêmes. Le film le montre tellement bien.


http://alligatographe.blogspot.fr/2018/02/modern-times-chaplin-goddard.html

Alligator
10
Écrit par

Créée

le 10 févr. 2018

Critique lue 231 fois

5 j'aime

4 commentaires

Alligator

Écrit par

Critique lue 231 fois

5
4

D'autres avis sur Les Temps modernes

Les Temps modernes
Grard-Rocher
9

Critique de Les Temps modernes par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Charlot est un ouvrier zélé. Il effectue un travail à la chaîne dans une grande entreprise. La production et le chiffre d'affaire étant bien entendu les principales préoccupations de la direction,...

78 j'aime

35

Les Temps modernes
Dimitricycle
10

La mode et Paulette

Les temps modernes est un film d'une excellence ahurissante. Je veux dire, c'est com-plète-ment dingue ! (On le sait bien, mais c'est toujours édifiant de constater que :) Pas besoin de quantité de...

le 13 déc. 2010

71 j'aime

21

Les Temps modernes
Fidjing
10

Critique de Fidjing : L'arrivée des machines !

Ce film culte en noir et blanc est une comédie de Charlie Chaplin . C'est un véritable chef d'œuvre. J'ai adoré et je me suis bien marrée !!!Spoiler . C'est l'histoire d'un ouvrier Charlot ( Charlie...

le 20 juin 2023

58 j'aime

13

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime