Après deux adaptations en live action honteux, Smurfs: The Lost Village retrouve l’esprit de la bande dessinée originale, quoique adaptée à l’épilepsie tous azimuts qui caractérise l’animation contemporaine. L’atout principal du film réside dans son animation fluide aux visuels soignés : nous avons vraiment l’impression de voir les vignettes de Peyo transposées au format numérique. De nombreux détails et une attention portée à la colorimétrie restituent aux environnements une présence à l’écran. Les personnages secondaires nous régalent par leurs mimiques – Azraël exaspéré – ou leur maladresse – l’oiseau de Gargamel, le fameux Cracoucass issu du quatorzième tome de la série.
Nous regretterons toutefois deux choses : que l’introduction d’une certaine « coolitude », à base de mots qui font jeunes, de chorégraphies et de chansons pop en toile de fond, vienne dénaturer en partie l’univers de Peyo, dégradé par sa standardisation de tons ; que la thématique centrale ne conduise pas à une réflexion véritable sur l’identité sexuelle des personnages : que signifie être la seule fille dans un village de garçons ? Tout cela demeure superficiel, se dérobe face aux interrogations qu’il pose. De même, comment un village composé uniquement de filles peut-il avoir connaissance de l’existence de garçons ? Le long métrage se montre très lâche en s’emparant d’un thème complexe qu’il effleure seulement.
Reste un divertissement appréciable qui ne saurait pourtant égaler la superbe série des années 80.