“What shall we do with the drunken sailor ?”

Oscar du meilleur film en 1935, Les Révoltés du Bounty a tout de la super-production typique de l’âge d’or hollywoodien.
Un film d’aventure et d’exotisme, légèrement caricatural, une adaptation d’un grand roman de la littérature britannique, et surtout un grand casting, avec avant tout l’immense Clark Gable, le héros américain habituel, superbe orateur, et torse nu qui plus est. De quoi attirer les spectateurs !
Jusque dans ses thématiques, plaidoyer pour la démocratie (en mer), et sa mise en scène, largement constituée de plans fixes qui ne cèdent que trop rarement à des panoramiques et presque jamais à des travellings, c’est donc le standard du cinéma hollywoodien.


A priori, du moins. Car si l’on regarde le long-métrage avec plus de précision, on remarque des détails qui le rendent immédiatement plus intéressant. Certes, le désormais méconnu Frank Lloyd n’est pas Orson Welles, mais il rajoute des dimensions originales à son œuvre, remise dans le contexte de son époque.
Les costumes des indigènes locaux ont beaux être américains, les dialogues entre leur chef et le capitaine Bligh démontrent bien toute l’hypocrisie de l’Angleterre face aux îles d’Océanie et on peut féliciter le casting avec de vraies tahitiennes pour les figurants et personnages secondaires, au lieu de black faces et autres maquillages traditionnels qui camoufleraient des acteurs blancs.
Les passages sur bateau, où la caméra tangue et les décors bougent, participent également à une expérience immersive, celle de tous ces marins qui enchaînent malheurs sur malheurs: celui d’abandonner femme et enfants à terre, celui des tempêtes, celui des souffrances et celui des châtiments. Les lois qui régissent les sept mers et quatre océans peuvent en fait se résumer à une seule, celle de la peur, de la terreur, exercée par un Charles Laughton joufflu, grossissant à vue d’œil tandis que ses hommes s’amincissent, et au charme diabolique.


En ce film se retrouvent également défauts d’une époque, en contradiction avec ses prouesses, tel qu’un usage trop insistant d’effets de style, fondus au noir et autres, ainsi que problèmes de rythme, de montage et une présence lourde de cartons qui appuient le message à coups de gros sabots.


Il n’empêche que le spectateur succombe à la folie douce de l’aventure en mer.
Ce départ glorieux dans un rythme glorieux (pour une fois), les voiles se levant et les marins s’organisant, puis les barbes qui poussent et le sang qui coule, tel est la vie des navigateurs. Il n’est pas nécessaire de le dire aux aspirants… Mais il est conseillé de leur faire voir ce classique du cinéma hollywoodien des années 30.

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le 8 juin 2020

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