Les proies de Sofia Coppola ne fera pas oublier la version de Siegel et, surtout, Colin Farrell est à des années-lumière de Clint Eatwood, en virilité, en perversité et en animalité. Ce n'est qu'en partie sa faute tant la réalisatrice a choisi de ne pas lui donner la vedette, préférant se focaliser sur son gynécée. Ces 7 vestales, ironiquement décrites dans leurs frustrations et leurs désirs, font bouillonner ce huis clos façon marmite qui se doit d'exploser d'une façon ou d'une autre. Sofia Coppola se désintéresse quelque peu des péripéties offertes par son scénario pour se concentrer sur ses obsessions, celui de l'ennui et du désoeuvrement, en particulier, dans ce groupe de filles et de femmes seules depuis trop longtemps. A vrai dire, c'est dans la forme que l'on apprécie davantage Les proies, dans ses images superbes, dans ses scènes comme celles des repas où tout n'est que luxe, calme et perversité. On peut appeler un exercice de style chatoyant, mais tous les films de la Coppola n'ont sont-ils pas, y compris les tous derniers, de loin les plus décevants. Sans renouer avec le temps béni de Virgin ou de Lost, Les proies marque tout de même un net progrès même si le fond de l'intrigue ne semble être qu'un prétexte pour filmer les joliesses de l'apparence et la noirceur tranquille des tréfonds de l'âme de ses personnages.