Les opportunistes est un film choral dressant le portrait de 2 hommes pourris par l'argent et dénués de sens moral : l'un est au bord du gouffre et s'en tirera grâce à un coup crapuleux exécrable, l'autre vit dans l'opulence grâce à des manoeuvres louches et ne tardera pas à chuter. Rien d'autre ne semble compter pour eux que l'argent. Et dieu sait s'il sont prêts à tout pour en amasser davantage... pousser son fils à l'alcoolisme? profiter des imbéciles qui se tapent l'incruste chez vous pour jouer au tennis? Déposséder sa fille? Fouiller dans sa vie pour faire emprisonner son nouveau petit copain? AUCUN problème. Si le portrait de Dino frise parfois l'improbable, le monde regorge de Giovanni.
Se surimpose à cette fresque répugnante une histoire aux allures de polar par mal fichue. A travers les névroses de chacun, on assiste à un regrettable accident qui vient boulverser l'existence de toutes les parties. Chaque point de vue réserve son lot d'imprévus et soulève d'autres zones d'ombre chez les autres : la vie secrète de Serena prend des allures de coup de théâtre alors que celle de Carla nous pousse à la pitié pour cette femme délaissée et affaiblie. Son personnage est d'ailleurs très attachant malgré des abords un peu irritants et prout-prout.
Ce n'est pas chose aisée de réaliser un bon film choral, car la redondance n'est jamais loin. La segmentation des informations est ici plutôt réussie et ne nous perd pas en route. Le monde intime de la finance renvoie une image glaciale grâce aux grands intérieurs épurés et aux tenues flirtant parfois avec le ridicule (surtout chez Carla). Les acteurs se défendent tous plutôt bien, aidés sûrement pas des dialogues bien construits et parfois jouissifs ( j'ai adoré détester Dino qui cumule les caractéristiques de la parfaite moisissure de salle de bain).