Un film qu'on endure 2h30 durant pour s'étonner de verser inexplicablement une larme sur les cinq dernières minutes. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Les Misérables se subit plus qu'il ne se regarde. Il m'a fallu trois tentatives pour en venir à bout.


Tom Hooper tout boursouflé de ses oscars pour Le discours d'un roi, s'attaque à l'adaptation de la comédie musicale légendaire (Française à la base, ne l'oublions pas), elle même basée sur le roman de vous savez qui. Armé d'un casting prestigieux, d'un budget conséquent et d'une liberté artistique totale, il semble s'acharner en dépit du bon sens à mettre bout à bout des moments de grâce forcés entrecoupés de longs passages ennuyeux... La force narrative en pâtit grandement, le film est de fait bancal, tel un trépied amputé en équilibre précaire, toujours à deux doigts de se vautrer dans le mauvais goût total.


Sur la forme, les costumes superbes jurent avec des décors virtuels affreux, la caméra s'acharne à enchaîner les plans séquences cahoteux, à croire que le caméraman avait les pieds bots, avec l'objectif constamment au ras des naseaux de ses acteurs. Avec des dialogues chantés à 98% non réenregistrés en post production, le casting est plus ou moins heureux. La présence de Russel Crowe ne pallie pas son absence de voix, Hugh Jackman quant à lui s'en sort très bien mais fatigue d'omniprésence... Tous sont en tout cas éclipsés par la puissance dramaturgique du chant d'Anne Hathaway, quoique que Amanda Seyfried n'a pas à rougir niveau cordes vocales (je passe sur le tandem Sacha Baron Cohen & Helena Bonham Carter, aussi horripilants que leurs personnages).


Sur le fond le récit est nécessairement haché, le chemin sacrifié pour de multiples arrivées, toutes climax émotionnels qui s'annulent les uns les autres. Ce sera selon votre sensibilité que vous adhérerez à l'un pour la partition qui l'accompagne, et que l'autre vous fera pousser un énième soupir. On suit cet enchaînement d'évènements en espérant une éclaircie dans ce marasme, puis on renonce et on attend la fin.


Et inexplicablement, la fin est superbe. Tous les défauts cités ci dessus sont toujours valables, mais d'un seul coup l'émotion passe enfin, transperce, éblouit. Grossièrement, à coups de boutoir, mais ça marche. Je n'ai pas encore compris comment.


Du coup je suis bien embêté pour noter Les Misérables. Ça devrait être un quatre, mais ce serait passer outre cinq minutes magnifiques. Cinq points pour cinq minutes en fait (et Anne Hathaway). EDIT : Et puis non en fait, quatre, soyons raisonnables.

Hypérion
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le 3 févr. 2013

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Hypérion

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