Unintelligent Affairs

Fan du magnifique et hyper-intelligent "Infernal Affairs", j'avais ressenti une certaine bienveillance envers le remake hystérique réalisé par Scorsese, bluffé par l'habituelle virtuosité du maître (qui traversait alors une sérieuse période de crise de créativité, souvenons-nous en...). Or, le revoir pour la troisième fois a (définitivement ?) tué une grande partie du charme que j'avais pu trouver aux "Inflitrés". Je me suis ennuyé devant les trucs - les tics, devrais-je dire ? - de Scorsese, me suis irrité devant l'interprétation peu subtile d'un casting magnifique mais mal dirigé, et n'ai finalement un peu retrouvé mon enthousiasme que devant la dernière partie du film, celle qui voit Scorsese recoller à "Infernal Affairs"... tout en gâchant finalement tout avec une conclusion "morale", ridicule et lourde, très mal venue. En fait, s'il y a une chose qui condamne le film de Scorsese au purgatoire de la médiocrité, c'est sa décision de substituer à l'intelligence séduisante des deux héros "originaux" et à leur duel cérébral une vulgaire bêtise dissimulée derrière la violence systématique de leur comportement : on comprendra bien entendu qu'il s'agit là de sa vision, noire, pessimiste, de l'Amérique, mais cela dessert "les Infiltrés" en créant un décalage intenable entre ses personnages primitifs et la sophistication de l'intrigue.

[Critique écrite en 2014]