Effet de saturation médiatique oblige, je n'éprouve guère d'attirance pour Kaboul, le Mali, l'Iran, et tous ces pays qui donnent parfois l'impression de s'enferrer à dessein dans des erreurs mortifères, si l'on se fie à l'image qu'on peut avoir d'eux à travers les reportages amplement diffusés sur nos ondes. Malgré tout, ici, ce sont les louanges lues à propos des aquarelles des décors ainsi que le nom de Zabou Breitman, dont j'ai jusque là apprécié toutes les réalisations, qui m'ont attirée dans ma salle obscure la plus proche. Et je n'ai pas regretté mon entorse à cette si saine philosophie cinéphagique qui proclame "ou Hollywood ou rien!"... je plaisante, bien entendu. Les aquarelles en question sont effectivement magnifiques. Et la réalisation de Zabou Breitman encore une fois exemplaire. En prime, l'histoire est tout à fait digne d'intérêt et évoque immanquablement Timbuktu qui, en son temps, avait été couvert de louanges. Les thèmes brassés dans ce drame intime autant que sociétal sont innombrables, mais je vais en retenir un, et non des moindres : l'affolante répression anti-femmes du régime afghan. Pour opprimer les femmes, il faut bien entendu rogner sur les libertés de tous. Le film décortique les ravages du machisme y compris chez les victimes de l'insoutenable répression talibane. Tout est interdit : les jeux, les ris, la danse (comme dirait Lafontaine...), rien ne trouve grâce, en apparence, aux yeux des gardiens de la vraie foi. Il ne faut pas gratter trop ni les suivre dans leurs soirées de débauche secrètes, bien entendu, c'est un grand classique, on connaît la musique... on le sait, il ne s'agit pas de croyance mais bien de pouvoir. Quel confort de pouvoir régner sur les faibles, tout minable qu'on est, sans avoir aucune justification à donner, puisqu'on s'est inventé un Dieu comme soutien indéfectible. Même les hommes doux et bons sont un jour tentés par l'abus de pouvoir, et c'est là que ce film devient exemplaire. Le désespoir est un creuset cruel pour les vertus fragiles.