Agnès Varda est fascinée par l'état du monde, par l'agitation des hommes qui, vue d'assez haut, a tout de la comédie humaine. Thème éculé, elle traite cependant celui-ci par l'exploration aléatoire de son environnement - une certaine France rurale et Paris - à la rencontre de ceux qui glanent.

Ceux qui le font par nécessite, mais aussi ceux qui le font par conviction. Les uns comme les autres sont surtout invisibles à nos yeux peu exercés à les repérer, à les comprendre. Varda nous donne cette chance d'approches des hommes auxquels nous ne pensons jamais.

Ce geste de se pencher vers la terre pour prendre ce qui reste prend inévitablement la forme d'un miroir de la société qui leur a laissé ces restes. Une société que l'on découvre, en fait, indigne d'eux. Avec la tendresse et la finesse qui la caractérise, Agnès Varda nous prend par la main pour nous faire réfléchir concrètement à notre positionnement. Où nous situons-nous et pourquoi, dans notre société ? Nous rendons-nous compte, seulement, que nous contribuons tous à la construire et à la rendre telle qu'elle est ?

Les glaneurs, eux, semblent l'avoir compris. Qu'ils soient des victimes ou des militants, ils semblent pousser un cri dont l'écho nous parviendra avec un certain délai, mais qui résonnera longtemps.
IIILazarusIII
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 déc. 2010

Critique lue 774 fois

12 j'aime

1 commentaire

IIILazarusIII

Écrit par

Critique lue 774 fois

12
1

D'autres avis sur Les Glaneurs et la Glaneuse

Les Glaneurs et la Glaneuse
Loulann
8

29-03-2019

Je me souviens d'une jeune fille de 17 ans, un peu perdue, comme la plupart des jeunes filles de 17 ans. Je me souviens d'une après-midi morose, d'un cours de cinéma. Alors même qu'elle savait déjà...

le 29 mars 2019

13 j'aime

Les Glaneurs et la Glaneuse
IIILazarusIII
9

Pour manger, l'homme se penche près de la terre.

Agnès Varda est fascinée par l'état du monde, par l'agitation des hommes qui, vue d'assez haut, a tout de la comédie humaine. Thème éculé, elle traite cependant celui-ci par l'exploration aléatoire...

le 17 déc. 2010

12 j'aime

1

Les Glaneurs et la Glaneuse
Moizi
8

L'amour du terroir

Après deux déceptions dans le cinéma de Varda voilà que je retrouve la Varda que j'aime, munie de sa caméra DV dont elle est sans doute l'une des seules avec Alain Cavalier à avoir compris son...

le 19 févr. 2018

11 j'aime

Du même critique

Forrest Gump
IIILazarusIII
9

Pas l'histoire d'un idiot, l'histoire d'un "surhomme".

Forrest Gump est pense-t-on souvent l'histoire d'un idiot, qui est le prétexte à revisiter l'histoire des U.S.A.. Son regard naïf est idéal pour nous permettre de revivre ces moments clés avec une...

le 10 déc. 2010

207 j'aime

16

Wall-E
IIILazarusIII
9

Un poème, un poème.

Mettre 9 à Wall-E ça me fait bizarre, mais quand je clique sur 8 je ressens comme un sentiment d'injustice. Les plus scrupuleux me pardonneront cet accès de générosité. Wall-E, je le vois comme un...

le 17 déc. 2010

102 j'aime

11

Hotline Miami
IIILazarusIII
9

Un délice pour philosophe.

Alors là faut pas déconner. Hotline Miami est énorme. É-no-rmeuh. C'est une expérience intraitable sur la représentation de la violence. Mais attention : bien qu'ils soient délicieux, je ne parle ni...

le 11 janv. 2013

89 j'aime

10