Cela faisait un petit moment que je n'avais pas rédigé de critiques. Plus le temps, plus l'envie, plus de vierges se trémoussant devant ma porte (on me signale que ça n'a jamais été le cas... bon), bref, rien d'intéressant à dire. Mais aujourd'hui, comme ça, à brûle-pourpoint (petite dédicace à ma régulière), je souhaite causer de Guardians of the Galaxy Vol. 2, dernière sortie ciné qui me trotte dans la tête depuis. Comme quoi, même un bon gros produit calibré peut laisser sa marque dans la boîte à meuh qui me sert de machine à traitement de pensées.


Véritable petit bol d'air au milieu d'un Marvel Cinematic Universe certes pas foncièrement désagréable mais globalement oubliable, le Guardians of the Galaxy premier du nom permettait au trublion James Gunn (sorti de l'écurie Troma, donc pas le premier yes-man venu) de détourner adroitement les impératifs d'une telle superproduction afin d'offrir un délire évidemment limité mais ô combien attachant. Mais l'enthousiasme un poil disproportionné des spectateurs (moi le premier), démontrait surtout l'état navrant du cinéma à grand spectacle de cette décennie, amenant le public à porter aux nues une oeuvre qu'il aurait jugé simplement correcte face aux mastodontes d'il y a vingt ans. Car sans vouloir jouer les vieux cons, Terminator 2 ou Jurassic Park (pour ne citer que ceux-là), c'était quand même autre chose que The Avengers.


Aussi attendu que redouté, précédé par la réussite éclatante du crépusculaire et ultra-violent Logan de James Mangold, Guardians of the Galaxy Vol. 2 allait-il transformer l'essai ou exploser en plein vol, les attentes étant cette fois bien plus importantes contrairement à un opus originel ayant pu profiter de la confidentialité du matériau de base ? Le public semble partagé sur la question, même si personnellement, j'y ai trouvé bien plus que prévu.


Suite directe des aventures de Star-Lord et compagnie (nous ramenant à la grande époque des Rocky 2, Karate Kid 2 et Back to the Future 2), Guardians of the Galaxy Vol. 2, passé un rapide flashback qui aura forcément son importance pour la suite, nous plonge directement au coeur de la bête, par le biais d'un parti-pris assez étonnant pour ce genre de production. Plutôt que de nous asséner une séquence d'action ultra-spectaculaire, James Gunn prend le risque de s'aliéner une partie du public en se concentrant sur quelque chose d'anodin, de puéril, offrant une générique inaugural absolument jouissif pour ma part et instantanément culte. Et le bonhomme de récidiver plus tard dans le film, pour un résultat tout aussi probant.


Une note d'intention qui a le mérite d'être claire, James Gunn nous informant dès cet instant que pour lui, le spectacle, aussi fun et décomplexé soit-il, ne sera pas une fin en soit, mais bien un prétexte pour faire évoluer ses personnages. Dans la parfaite continuité de sa filmographie, le cinéaste illustre le portrait touchant et anarchique d'une famille recomposée faite de marginaux névrosés, filmant avec justesse des interactions naviguant sans cesse entre le rire et les larmes.


Gigantesque introspection de plus de deux heures en lieu et place du space-opera frénétique attendu, Guardians of the Galaxy Vol.2 croque ainsi des protagonistes furieusement attachants, auxquels James Gunn apporte une dimension tout à la fois émotionnelle et épique, chaque anti-héros ayant son petit moment à lui. Approfondissant ses têtes d'affiches tout en introduisant efficacement ses nouveaux venus, le papa de Super réussi même le pari de donner un tout autre visage à de simples seconds rôles du premier film, à l'image de Yondu (magistral Michael Rooker), passant de bad guy cabotin à père de substitution au destin proprement émouvant.


La figure paternelle est ainsi une des thématiques les plus importantes d'un film énormément porté sur la filiation, à travers une quête ne pouvant qu'être marquée par une cruelle déception. Le regard que porte James Gunn sur ce manque, à défaut d'être original, transpire la sincérité, et l'évocation, aussi maladroite soit-elle, d'un pater familias fait de bric et de broc, de pièces rapportées, aura inévitablement touché la petit garçon que j'étais tentant de se fabriquer un papounet digne de ce nom.


Les enjeux prennent également la même direction, délaissant le grand méchant simpliste du premier film (en gros, je veux être calife à la place du calife et tout péter), pour une apocalypse à la fois plus grande (l'univers entier est concerné) et plus intime, la menace étant directement liée au passé du héros interprété par Chris Pratt. Un "mal" parfaitement incarné en la personne de Kurt Russell, à la fois drôle, roublard et charismatique, dont la froide rhétorique reste d'une implacable logique et se pare d'une profondeur insoupçonnée dans des productions calibrées de ce genre.


Tout entier dévoué aux tourments de ses personnages, Guardians of the Galaxy Vol.2 n'en oublie pas pour autant de divertir, balançant à la face du spectateur son lot de scènes délirantes et visuellement marquées, James Gunn s'éclatant comme un fou à la mise en scène, bien aidé par une 3D pour une fois maîtrisée. Utilisant judicieusement sa fantastique bande originale (le second emploi du The Chain de Fleetwood Mac m'aura collé des frissons), le réalisateur fait de son film une oeuvre purement musicale, chaque chanson étant parfaitement pensée, au risque de surligner parfois le propos.


Un défaut que l'on retrouve tout au long d'un script malheureusement frappé par un certain immobilisme, la liberté de ton et d'action visiblement accordée à James Gunn n'ayant pas que des avantages. Secondé par une autre paire de mains, le metteur en scène aurait peut-être pu avoir le recul nécessaire, évitant ainsi une narration artificielle à base de ficelles grosses comme le poing de Drax.


Constamment sur la corde à force de pousser ses partis-pris dans les extrêmes et n'ayant jamais peur d'en faire trop (que ce soit dans l'humour ou l'émotion), peut-être décevant et moins immédiat que le premier volet pour beaucoup, Guardians of the Galaxy Vol.2 est pour moi tout le contraire, finalement plus marquant et moins sujet à un cahier des charges contraignant (même si cela reste bien présent, il ne faut pas se leurrer), une oeuvre clairement imparfaite et brinquebalante mais incroyablement généreuse, au charme pulp indéniable qui m'aura laissé avec une patate de tous les diables et des petits guilis dans le ventre. Un des rares longs-métrages du MCU qui peut se vanter d'avoir du coeur et du style.

Gand-Alf
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