Un film qui avait suscité chez moi une belle envie de le voir, à sa sortie, et que j'avais raté sur les écrans locaux. Je me suis rattrapée sur mes chaînes télé, même s'il est toujours risqué d'avoir des attentes en matière de cinéma. Autant dire que j'avais placé la barre haut pour ce nouveau film de Jacques Audiard, à qui je dois quelques moments majuscules de spectatrice (notamment pour De battre mon coeur s'est arrêté). Pour moi, c'est l'anti-François Ozon, et c'est un compliment. Rien de frivole dans son cinéma, des histoires souvent cruelles mais belles, et des personnages qui ne sont pas juste des écrins à acteurs cabotins. Même s'il sait assurément choisir ses interprètes. J'étais donc curieuse de voir comment il allait se tirer de son enjambement de l'Atlantique, exercice risqué, du genre éculé (même si je l'adore) du western et de la direction de comédiens étrangers, pour ne rien dire de sa confrontation avec des stars à l'américaine. Eh bien, il a gagné son brevet de filmmaker, je dirais; ça n'a pas dû être simple, mais il nous livre là un travail à la hauteur de ses œuvres précédentes, qui réserve quelques scènes mémorables et de jolis numéros d'acteurs. Sans compter des paysages somptueux, mais ça, c'est dans le cahier des charges des films de l'Ouest. Reste que ce film ne se hisse tout de même pas dans mon palmarès personnel. La faute à une histoire un peu étirée en longueur, dont les passages les plus significatifs se noient dans des séquences de voyage certes jolies mais un peu pléthoriques, à mon avis. Le contraste entre les deux est plein de sens, malgré tout : la sérénité des paysages grandiose de l'Ouest américain et la folie destructrice et la soif de domination des hommes. N'empêche, j'ai un peu flotté, par moments. Malgré tout, le message reste fort : la loi des hommes est bouffée aux mites, toxique, au ras de la poussière, et apparemment inexorable, et les rares individus ayant suffisamment de force de caractère pour s'y opposer sont le plus souvent voués à des fins expéditives voire douloureuses. Le mythe d'un Eden terrestre, peuplé d'hommes de bonne volonté, fait long feu, mais la séquence où 4 compères très dissemblables, tentent une cohabitation à la hippie vaut son pesant d'or... et c'est précisément le fait que cela échappe à au moins l'un d'entre eux qui voue les 3 autres à un sort funeste. Seule la mort semble pouvoir délivrer ces hommes de leurs chaînes terrestres. Les femmes, pour leur part, sont une sorte d'idéal lointain, maternel, vaguement romantique, qui peine à s'incarner dans une réalité sauvage et crue, sauf à battre les hommes sur leur propre terrain mégalo. Et sauf si on a une mère à la Ma Dalton, qui sait tenir la dragée haute aux brutes mais aussi créer un havre de paix pour ses garnements à moitié sauvages. Finalement, j'en tire surtout l'envie de lire le livre, qui doit développer davantage les thèmes qui m'ont semblé intéressants, comme si le film n'était qu'une sorte d'introduction à une lecture plus roborative. Ceci dit, c'était un bon moment de cinéma quand même, faut pas faire la fine bouche.