Quand un réalisateur français ose nous faire voyager

Quand un réalisateur français ose nous faire voyager en posant ses caméras hors de l'hexagone, avec des acteurs américains, pour un film de genre…. je me dis que ce serait quand même dommage de le rater.
Audiard nous emmène en direction du Far West, pour nous faire vivre la liberté aux côtés des frères Sisters, deux cowboys experts de la gâchette qui traversent le pays sans attache.
Finalement, les règlements de comptes ne durent que le temps de quelques coups de feux, souvent précédés de l'humour et de la malice d'un Joaquin Phoenix qui flirte avec la folie. Abattre des hommes n'est qu'une formalité, ils doivent juste ce motiver pour accomplir cette tâche, qui pour eux n'est dans le fond qu'un boulot comme un autre commandé par un employeur, ici un certain "Commodore". Mais les moments les plus intéressants se passent pendant le voyage qui laisse de la place à la nature, aux hommes, à leurs histoires et aux rencontres.
On y découvre un John C. Reilly sensible, qui s'interroge sur des projets d' avenir, s'inquiète pour son frère. Puis avec l'immensité sauvage et ses dangers, nous voyons que les liens prennent de la valeur, en comblant les faiblesses et les limites de l'individualisme.
Ensuite, ils croiseront et partageront la route d’un détective gentleman et d’un chimiste chercheur d’or, ce dernier rêve de changer la société pour établir des rapports de partage et non de compétition. Les personnages se dévoilent avec colère et aussi avec pudeur quand l'aîné raconte son passé et ses regrets. Jacques Audiard nous rappelle que c'est en se donnant du temps que chacun apprend à mieux connaître l'autre.
Pour moi c'est une fable violente mais belle qui donne le goût de l'aventure, l'envie de créer de nouveaux liens et de consolider ceux que l'on a déjà, dans la simplicité et l'écoute.