Tout commence en pleine nuit à Londres alors qu'Harry Fabian est suivi par des hommes, surement des gangsters. Quand il décide de rentrer dans le milieu de la lutte grâce à quelques combines, il ne sait pas encore dans quel engrenage il est tombé...


Dès cette première scène, la maîtrise et le talent de Jules Dassin éclate totalement et il nous emmène dans le monde des gangsters de Londres suivre la motivation de Fabian pour réussir dans ce milieu puis peu à peu son irrémédiable chute. La force de Les Forbans de la Nuit, c'est notamment la façon dont Dassin arrive à nous passionner et surtout nous attacher à ce personnage malgré ses multiples défauts (menteur, tricheur, magouilleur...). Croyant toujours avoir une bonne idée, il plonge toujours plus bas jusqu'au jour où il ne pourra plus faire marche arrière tant l'étau autour de lui se resserre.


L'écriture est de qualité, tant au niveau des personnages et des dialogues que de l'histoire, où les péripéties sont bien trouvées et accentuent la noirceur des personnages et enjeux, mais la principale qualité du film se trouve dans la mise en scène de Jules Dassin. Ce dernier met en place une atmosphère sombre, désabusée et fataliste, adéquate à la galerie de personnages gravitant autour d'un formidable Richard Widmark (qui met bien en avant le côté anxieux de Fabian) où l'on navigue entre lutteurs, gangsters et autres types louches, tous intéressants et avec un minimum de consistance.


Jules Dassin met en place une dimension tragique, puissante, prenante et immersive, ainsi qu'une tension de plus en plus forte qui ne redescend jamais, avec comme point d'orgue ce final particulièrement réussi. Il décrit un monde sombre voire glauque où la noirceur est partout, exceptée chez celle qui aime Fabian, la belle Gene Tierney qui, malgré son petit rôle, illumine l'écran dès qu'elle apparaît. Il met merveilleusement en valeur ce Londres nocturne et son milieu de malfrat, ses clubs et ses combats de luttes, sublimé par une photographie sombre, un brillant jeu d'ombres et un fond musical jazzy.


Un remarquable film noir où Jules Dassin nous plonge dans l'enfer de cet homme prêt à tout pour s'élever au rang des plus grands gangsters de Londres, porté par un formidable Richard Widmark. Brillant.

Docteur_Jivago
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Sélection de quelques films noirs, Mes Années 1950 au cinéma, Plongée dans les polars américains, Les meilleurs films des années 1950 et Ma Filmothèque

Créée

le 4 avr. 2016

Critique lue 806 fois

33 j'aime

6 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 806 fois

33
6

D'autres avis sur Les Forbans de la nuit

Les Forbans de la nuit
guyness
9

Dassin la demie lune*

Le loser n'est pas forcément cet idiot qui ne comprend pas les enjeux et les conséquences des actes qu'il commet. Ce n'est pas non plus toujours ce malchanceux chronique sur qui la poisse s'acharne...

le 27 janv. 2013

46 j'aime

7

Les Forbans de la nuit
SanFelice
9

All my life I've been running

Le spectateur est plongé dans l'ambiance dès les premières images du film. On assiste alors à une course-poursuite, réalisée et montée d'une façon qui en montre toute la rapidité et la violence. Un...

le 9 déc. 2012

41 j'aime

9

Les Forbans de la nuit
Torpenn
9

C'est la lutte finale

1950, vu que l'Angleterre poursuit son protectionnisme en matière de cinéma, les studios hollywoodiens viennent quelques fois tourner chez eux histoire de rentabiliser l'investissement... Ce coup ci,...

le 21 févr. 2012

40 j'aime

11

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

155 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34