Vous êtes sur terre et c'est sans remède.

Jusqu'à aujourd'hui, le 5 Mars 2012. je devais vivre dans un univers parallèle. Je n'avais absolument JAMAIS entendu parler de ce film. Jusqu'à ce que Sens critique m'éclaire.

Cette critique est désordonnée, je l'écris juste après avoir vu le film. Ceci explique cela.

C'est un sentiment de malaise, de terreur, d'intense émotion que laisse ce film derrière lui. J'ai pleuré comme une madeleine. Franchement, Alfonso Cuaron, je ne te connais pas, mais POURQUOI tu me fais ça ? Tu ne pouvais pas me laisser regarder des films joyeux et optimistes ? Après avoir vu Children of men, j'ai juste envie d'aller m'exiler au fin fond de l'Ouzbékistan.

Allez, soyons plus pragmatiques. Children of men est une fresque, une fable, absolument titanesque sur le potentiel avenir de notre monde. C'est atrocement nihiliste et effrayant à souhait. On aime à se dire que ce n'est qu'un film, qu'une dystopie, que tout cela n'arrivera jamais. Toujours est-il que ça fait froid dans le dos, n'est ce pas ? Si le film m'a mis tant mal à l'aise, c'est qu'il transpire la destruction, la fin de tout, la mort. Les décors (superbes) sont tous ravagés. Débris, poussière, immeubles qui explosent. Tout semble en train de se défaire. L'atmosphère, créée par la sublime photographie d'Emmanuel Lubezki (cet homme mérite qu'on érige un autel en son nom, je suppose que vous savez qu'il travaille aussi pour Malick, mais je ne vais pas m'étendre là dessus sinon on y est encore demain matin, oui cette parenthèse ne se finit jamais) est incroyablement pesante. Il y a quelque chose qui rappelle fortement les camps de la mort dans tout cela. Les plans séquences répétés sont une façon de plus de montrer ce chaos permanent. Sur le plan formel, le film est vraiment sublime. L'horreur devient presque belle. Une biche débarque de nulle part dans une école en ruine. Une mère donne naissance au seul enfant du monde. Un homme lance un "je t'aime" à sa femme avant qu'ils ne meurent tous les deux. C'est incroyable que parmi tant d'horreurs, la beauté puisse jaillir comme ça.

Dans l'horreur la plus totale surgit aussi l'espoir. Évidemment, cet enfant, ce messie (c'est un peu ça, quand même !) incarne un renouveau. Les dernières images sont très optimistes. Si le film ne nous épargne pas en morts, explosions, bombardements, on peut dire qu'il finit sur une touche d'espérance. Et puis, dans ce monde plongé dans le chaos, il y a encore des valeurs qui subsistent : courage, compassion et altruisme.

C'est très éprouvant à regarder. Je ne suis pas sûre de réitérer l'expérience souvent. Candide comme je suis, je m'attendais à une dystopie plutôt soft. Mais alors là, c'est pire qu'Orange mécanique et Blade runner réunis. J'ai été émue jusqu'à la moelle. Tout est tellement surprenant dans ce film. Il ne ressemble à rien d'autre. Il m'est même impossible de le comparer à d'autres œuvres. Au début, on est ahuris par ce monde fou, où toutes les femmes sont stériles, où l'Angleterre est le seul pays qui "survit", où les immigrés sont chassés. Peu à peu, les pièces du puzzle sont assemblées et on comprend toute l'horreur de ce monde. C'est une oeuvre qui surprend sans cesse. Quand on croit avoir un moment de répit, on en prend encore plein la tronche. C'est tellement bien filmé qu'on a l'impression de faire partie de ce monde, de se mouvoir en même temps que les personnages.

Les acteurs sont fabuleux. Tous. Que de beaux personnages ! Michael Caine est ahurissant, si drôle et tellement touchant. Ses paroles sur le destin sont bouleversantes. Julianne Moore, tu nous quittes bien trop tôt. Clive Owen est parfait de A à Z. La mort de Theo est sublime. Ca, c'est pas du décès à la Marion Cotillard, les gars ! Même la bohémienne qui ne parle pas un mot d'anglais, qui a l'air complètement tarée et qui est obsédée par son chien est un personnage magnifique.

C'est très riche. Pleins de références (serait-ce un clin d'oeil au Pink Floyd, dans l'usine, avec le cochon qui plane ?), de décors qu'on aimerait décrypter dans leurs moindres détails, de noms évocateurs "Kee" (cela ressemble énormément à Key) pour la jeune femme enceinte, "Tomorrow" pour le bateau. J'y vois pleins de références bibliques et historiques. Par contre, l'insistance sur les animaux m'échappe mais j'imagine qu'il y a un sens à tout cela.

Pour couronner le tout, musique incroyable. Hyper douce par moment, en contradiction totale avec ce qui se passe à l'écran. John Taverner, fais la soundtrack de ma vie.

Vous l'aurez compris. J'ai adoré. J'ai presque envie de le mettre dans mon top 10 (voilà qui est fait à présent). Merci à Sens critique, merci à ce réalisateur que je ne connaissais pas. Ce sont des films comme ça qui nous rappelle à quel point le cinéma est beau.

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le 4 mars 2013

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Clairette02

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