LES FILLES D'AVRIL (13,3) (Michel Franco, MEX, 2017, 103min) :
Cet austère drame psychologique manipulateur narre l'histoire de Valeria, jeune femme enceinte de17 ans vivant avec son amant et sa sœur dans une maison face à la mer au Mexique. Un destin qui va basculer à l'arrivée de sa mère, dont la jeune adolescente voulait cacher sa grossesse jusqu'à la venue au monde du nouveau-né. Le réalisateur mexicain Michel Franco reconnu internationalement depuis le très perturbant Después de Lucia en 2012, récidivant ensuite avec le très controversé Chronic (2014), revient explorer à nouveau les recoins les plus sombres de l'être humain avec cette chronique familiale anxiogène. Dès la première séquence où l'on découvre une femme préparant un petit-déjeuner, de manière mécanique et impassible, alors que l'on entend très distinctement des sonorités d'ébats sexuels jusqu'à l'orgasme et l'on voit ensuite sortir entièrement nue une jeune femme enceinte avec un sourire béat, le ton du film est donné, il sera malaisant ! Le réalisateur opte pour une mise en scène précise aux plans fixes ou lents mouvements de caméras afin de mieux installer sa narration angoissante. Sa caméra comme un scalpel va distiller comme un poison lent son intrigue névrotique où l'on voit la mère s'impliquer de plus en plus dans la vie quotidienne de sa fille et prendre une place de plus en plus importante dans la vie privée de sa fille, franchissant petit à petit plusieurs limites afin de retrouver une ancienne vie qui n'est plus sienne. Le long métrage décline une superbe photographie gorgée de luminosité contraste ainsi judicieusement avec la noirceur du scénario pour rendre ainsi l'histoire encore plus glaçante. Le film au fur et à mesure se transforme presque en un thriller psychologique angoissant et particulièrement pervers. Malheureusement la réalisation ne portant aucun jugement moral sur des actes répréhensibles reste toujours très neutre et laisse nos émotions parfois atones devant la férocité des situations imbriquées presque mécaniquement dans la structure narrative. Cet inconfort émotionnel, provoqué par ces choix de mise en scène, amoindri nos émotions, devant le jeu pourtant brillant d'Emma Suarez (Julieta d'Amodovar) dans son rôle de mère anthropophage, accompagnée par les interprétations justes d'Ana Valeria Becerril et Joanna Larequi, les deux sœurs du film. Venez découvrir cette relation mère-fille malsaine au cœur du film Les filles d'Avril, où l'instinct de survie féminin émane de façon encore plus prégnante et différente, lorsque l'on est une maman...Vénéneux. Inégal. Dérangeant.