Des pionnières courageuses et obstinées

On peut certes reprocher au film le côté bonne conscience, le côté histoire morale et édifiante comme savent le faire les américains. Mais il fallait parler de ces femmes, totalement inconnues et qui à leur manière opiniâtre, patiente et courageuse ont lutté pour hisser les femmes et les noirs dans leur combat pour l'égalité. Rien de larmoyant, elles ne sont jamais présentées comme des victimes, au contraire, elles prennent leur destin à bras le corps et elles avancent quelles que soient les difficultés, elles courbent l'échine sous les tracas quotidiens, elles ne se plaignent pas, elles sont drôles et elles luttent, elles affrontent chaque jour l'hostilité ambiante car elles ont un but, leur travail, être ce qu'elles sont, remarquablement intelligentes, des génies ignorés. Dans ces années 60 en toile de fond, lutte raciale, guerre froide, la condition des femmes au travail et des noirs est très bien rendue par une foule de petites touches, de détails... les talons aiguilles, non adaptés, les toilettes, le café, les autres femmes blanches aussi coincées dans les idées reçues... clairement les femmes sont aussi déplacées parmi les ingénieurs que des orangs-outangs, dans les années 60, elles ne savent pas penser, n'ont pas d'opinion et ne sont bonnes qu'à faire le ménage et élever les enfants. mais elles sont arrivées là, et à leur manière, elles combattent farouchement comme des femmes le font, dans l'ombre, patiemment, jour après jour, discrètement mais avec acharnement. La construction simplement linéaire du film montre bien cette avancée, peu à peu et leur persévérance. Il fallait vraiment parler d'elles, on honore les héros et les génies masculins qui œuvrent en pleine lumière et on oublie facilement ces combattantes sans actions d'éclat, sans violence qui pourtant ont fait voler en éclat les idées reçues sur les femmes et les noirs.