Mise en lumière sur fond d'obscurantisme

Etre une femme en 1960, ce n'était pas très compliqué mais être une femme qui travaille, en plus dans un milieu d'homme, c'est déjà moins aisé. Et il ne fallait surtout pas penser à se faire une place, et surtout une place de choix et en accord avec ses compétences.
Car oui, la femme qui travaille dans les années soixante est une secrétaire. Comme elle est une femme à la maison qui soutient son mari, elle assiste l'HOMME au bureau également.
Jupe sous le genou, twinset moulant mais pas trop, talons de 5 cm maximum et collier de perles si les moyens le permettent et surtout pas de vague, faire le café et suivre 5 pas derrière.
Dans ce contexte de machisme exacerbé, réussir grâce à son cerveau, même à la NASA, tient du miracle.


Mais quand en plus on est une femme noire, la tâche devient titanesque. Les héroïnes de "Hidden Figures" ont dû soulever des montagnes pour atteindre leur but et c'est une histoire qui mérite d'être connue, et pas uniquement l'histoire de ces femmes, de tous les services de la Nasa à l'époque.


En effet, le film fait office de mémoire de l'histoire. Ces femmes qui ont participé activement à la conquête de l'espace personne n'en parle. On ne parle pas non plus tant que ça des hommes qui ont fait les calculs, construit les navettes et autres capsules. On parle de Glenn, de Shepard et d'Armstrong mais les ingénieurs et les mathématiciens, non!


Alors le film se centre tout naturellement autour de ces 3 femmes noires exceptionnelles. En effet, leur histoire est un catalyseur de premier choix pour un livre et pour un film. 3 femmes noires dans la Virginie des années 60 qui vont grimper malgré tout et tout le monde les échelons de leur ambition, c'est un bon sujet. Ambition justifiée car elles sont brillantes, voire frôlant le génie mathématique pour l'une d'entre elle.


Mais c'est aussi l'histoire des autres mathématiciens, des autres ingénieurs, de tous ces gens qui ont envoyé des hommes dans l'espace et puis sur la lune. C'est un film sur le surpassement de soi et des difficultés, sur le respect et la capacité intrinsèque de l'homme à rêver et l'histoire de ces femmes n'est qu'un point d'entrée dans une époque et dans une histoire plus vaste.


Je préfère y voir cela plutôt qu'un biopic classique très intéressant mais un peu mièvre. Une sorte de bonne conscience en image. Le film est bien supérieur à cela.
La réalisation n'a pas grande importance, ce n'est pas ce type de film. Il suffit que le réalisateur laisse vivre ses personnages et faire ses acteurs excellents et tout ira bien. Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monáe plantent des personnages à la fois intéressants et attachants. Elles ne se morfondent pas et ont du courage à revendre. J'ai une mention spéciale pour Kevin Costner en homme brillant, plus libéral que d'autres mais tellement ancré dans cette société qu'il n'a même pas conscience des difficultés que sa "calculatrice" rencontre au jour le jour. Mention aussi à Kirsten Dunst dans un petit rôle ingrat qui sert de symbole de tout ce qui ne va pas dans ce monde. C'est très injuste et un peu facile mais elle arrive à lui donner du relief.


L'histoire de ces femmes, bien que romancée (cela se sent) retient notre attention sans faiblir et un nouveau point de vue sur cette période de course à l'espace est toujours bienvenu.
En bon ou en mauvais, les années 60 sont des années décisives et c'est une période qui mérite d'être connue.

Créée

le 2 mai 2017

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Anilegna

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