Attention, cette critique contient des spoils!

Voici un grand film. Je le dis simplement, sans essayer de m'excuser, sans trouver ça facile, ni niais; en assumant pleinement tout l’intérêt que je lui porte.

The Shawshank Redemption est adapté d'une longue nouvelle de Stephen King que l'on peut retrouver dans le recueil Différentes Saisons. Il est d'ailleurs amusant de constater que tous les films adaptés de ce recueil de nouvelles où on ne trouve qu'une once de fantastique (dans la seule nouvelle du recueil qui ne fut jamais adaptée au cinéma d'ailleurs) sont des réussites dans leurs genres.

On y trouve Le Corps qui fut adapté à l'écran par Rob Reiner à l'époque de sa gloire sous le titre Stand By Me , Un élève doué qui reste à ce jour le meilleur film de Bryan Singer après The Usual Suspect, et enfin ce Shawshank Redemption (le titre en français est véritablement merdique, il faut le dire), coup de maître pour une première réalisation de Frank Darabont qui se fera une spécialité d'adapter King à l'écran puisqu'on lui doit également La Ligne Verte, ainsi que The Mist.

Mais revenons à cette rédemption de Shawshank.
King tire son inspiration pour son histoire de plusieurs sources. God see the truth, but waits, de Léon Tolstoï, mais également du comte de Monte-Cristo de Dumas. Puisque je connais assez mal l'oeuvre de Tolstoï, je vais plutôt me consacrer à monter les parallèles avec Dumas. Le livre comme le film fait référence au Comte de Monte-Cristo à plusieurs reprise. Il est d'abord cité dans la scène de bibliothèque où Red, incarné par l'excellent Morgan Freeman se demande après qAndy Dufresne ait expliqué qu'il s'agit d'un livre sur une évasion de prison, si le livre doit être mis dans la section éducation plutôt que fiction de la bibliothèque. Ensuite, car au niveau thématique, Andy Dufresne et le Comte ont plusieurs choses en commun: l'un et l'autre ont été enfermé à tort, l'un et l'autre vont se venger du mal qui leur à été fait, l'un et l'autre vont s'évader. Plus encore, les deux récits au niveau thématique parlent de la même chose, ils parlent d'espoir.

Car si la rédemption de Shawshank touche tant de gens (pour preuve, parmi mes éclaireurs qui sont parfois de vraies têtes de lard, il n'en est qu'un seul qui lui accorde une note inférieure à 6/10), je crois que c'est à cause de tout cet espoir qu'on y trouve. Peut être pas uniquement, car il faut avouer que même s'il est de facture très classique, le film est formidablement réalisé, et certaines scènes vous prennent aux tripes quand bien même vous feriez tous les efforts pour rester indifférent. Peut-être aussi est-ce grâce à la qualité d'interprétation de Morgan Freeman en Red, qui porte l'ensemble du récit en tant que narrateur, mais également par l'immense interprétation de Tim Robbins qui choisi de créer un Andy Dufresne énigmatique, froid, peu sympathique de prime abord, mais qu'on finit par aimer à la fin du récit.. Les deux acteurs créant ensemble une composition de personnage quasi parfaite et forment l'un des duo d'acteurs les mieux assortis du cinéma. Mais avant tout, si tant de gens aiment ce film, c'est qu'il a une qualité rare, celle de vous redonner courage et espoir lorsque le générique de fin défile devant vous.

Darabont fait plus que de brillamment adapter la nouvelle de King, il arrive à y inscrire le thème principal, la petite musique autour de laquelle tout tourne, l'espoir qui vient éclairer les endroits les plus sombres, les situations les plus insurmontables. Cette froideur que l'on croit déceler dans le chef de Dufresne se muera peu à peu dans l'esprit du spectateur en une forme de respect puis d'amour face à un homme qui n'abandonne pas, qui ne se laisse jamais abattre.

Nous sommes tous un peu Andy Dufresne, enfermé dans nos prisons personnelles et condamnés à y rester. Et lorsque Andy sort de ce tuyau de merde, renaissant à nouveau en levant ses bras au ciel, laissant la pluie le laver de tout; du passé, de ses pêchés , c'est une victoire pour chacun d'entre nous.

C'est pour cela qu'a tort ou a raison, ce film est apprécié par tellement de gens et est premier depuis tant d'années sur le Top IMDB. C'est parce que lorsque le film s'achève, à la manière de Red qui ne sait s'il passera la frontière à Fort Knox, qui ne sait s'il retrouvera son ami, nous déclarons: J'espère... J'espère...

Ps: Je trouve d'ailleurs dommage que Darabont ne conclue pas son récit sur la même note que la nouvelle de King ,sur ce simple j'espère.

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le 20 févr. 2014

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Samu-L

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